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Le Temps, 13 juin 1884

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Le Temps
13 juin 1884


Extrait du journal

Certains journaux de Madrid et de Londres affectent depuis quelques semaines de s'alarmer des projets qu'ils prêtent à la France sur le Maroc. Ils nous attribuent l'intention d'étendre à ce dernier pays le protectorat que nous avons établi en Tunisie et, dans les moindres démarches de notre représentant à Tanger, ils s'escriment à trouver des prétextes de rappeler le rôle joué par M. Roustan à Tunis. Nous avons dit récemment sur quelle base chimérique s'échafaudaient ces insinuations; nous avons expliqué que les efforts de notre cabinet et de son représentant n'avaient eu d'autre but que d'assurer à la France une influence légitime, nécessaire à la sécurité de notre colonie algérienne. Nous avons aussi indiqué la position prise au Maroc par les deux seules nations dont les intérêts puissent, dans ce pays, entrer en balance avec les nôtres l'Angleterre et l'Espa'gne ni l'une ni l'autre ne paraissent s'être sérieusement émues des velléités gratuitement prêtées à notre gouvernement. On pouvait croire que l'Italie se montrerait encore moins accessible à la méfiance; de l'avis de ses journaux les plus autorisés, ses intérêts politiques et commerciaux au Maroc sont d'importance médiocre. Mais l'opinion publique, au delà des Alpes, n'oublie point cet intérêt d'espèce spéciale, assez vague, mais d'autant plus susceptible, que M. Mancini a qualifié de « géographique » et qui fait dresser l'oreille à nos voisins dès qu'une question méditerranéenne est en jeu. Voilà comment le Maroc a fait hier l'objet d'une interpellationau Monte-Citorio. Un député, M. Camporeale, a fait à ses collègues, le tableau alarmant d'un hypothétique empire franco-africain, allant de la Grande-Syrte aux colonnes d'Hercule, « qui romprait l'équilibre des forces de la Méditerranée et menacerait la sécuritéterritoriale de l'Italie». Il a demandé augouvernement déparer au danger en s'unissant à l'An-, gleterre et de compléter ainsi, par un accord avec la principale puissance maritime, les sécurités que la triple alliance donne à l'Italie sur le continent....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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