Extrait du journal

Le prince de Ligne, étant en campagne sur le Danube, écrivait à un ami parisien : « Je vois un phénomène de chez vous et un joli phénomène, un Français dé trai$ siècles; il a. là pheyàlerie (té l’un, la -grâce de l’autre et-la gaieté de celui-ci. » Le modèle de ce portrait de si beau style était le jeune comte Roger de Damas. L’on savait que ce paladin de l’émigration avait écrit ses mémoires, pour se consoler, à la manière de Montluc, de ne plus donner ni recevoir des coups. M. Léonce Pingaud, voici quelque trente; ans, put lire ce cahier de souvenirs et en extraire les éléments d’une élo quente notice sur les prouesses de Damas. Au jourd’hui, les descendants du comte Roger se dé cident à publier les commentaires où leur aïeul a raconté l’aventureux roman de sa vie. Une noble vie, qui peut-être ne fut point sans fautes, mais sans taches-à coup sûr; poème de vaillance et de fidélité, où se rencontrèrent tous les brillants dé fauts de la race et ses plus magnifiques vertus. Un jèuné historien, que son nom oblige, M. Jacques Rambaud, vient de mettre tous ses soins à donner des mémoires de Damas une édition savamment commentée. Les aventures de celui- que l’on a appelé « le dernier des chevaliers errants » se divisent en trois périodes : la période de la guerre des Russes contre l’Ottoman, celle de l’armée de Condé, celle enfin où Damas entra au service des Bourbons de Naples. A vingt-trois ans, colonel tout théorique encore, il n’est célèbre à la cour de Marie-Antoi nette • que par ses duels et ses galanteries. A la nouvelle que l’impératrice Catherine envoie des troupes contre les Turcs, il se sent pris d’un désir enragé de connaître « le sublime de la guerre »....