Extrait du journal

XIX — Suite ; Les deux matelots plongèrent vivement leurs avirons dans les vagues ; et le petit canot, avec sa lourde charge de bagages, de provisions et .de quatre personnes, se mit à glisser sur les eaux bleues, vers, la grève. Chose'curieuse, les deux rameurs étaiént ceux qui avec le métis .nous avaient conduits à. la Couronne-de-Fer, .ïe jour de notre fatal départ. C’étaient deux simples matelots anglais, portant au menton une touffe de. poils couleur de chanvre; à peau .grisâtre et tannée, comme boucanée par l’air du large... Ils. né soufflaient mot, s’efforçaient visiblement d’éviter nos regards, les yeux cloués !-, sur leurs avirons, la-’mine basse et honteuse. Je tenais, sans presque, m’en apercevoir, la main de miss Grant serrée dans lès miennes; 'plus tard seulement je me rappelai comment . elle..me l’avait abandonnée, son instinct féminin lui disant sans doute que je trouvais courage et réconfort à ce doux contact. Si nous avions . été faire une petite excursion à terre, au cours d’un long voyage en mer,. elle n’aurait pu se montrer, plus calme. Une seule fois, tournant la tète, elle regarda le brig et sa respiration pa rut s’oppresser légèrement. Mais ce ne fut qu’un moment. Pour moi, je demeurais im mobile,. pétrifié, les yeux fixés sur l’îlot qui grandissait rapidement, si ahuri de l’aventure que c’est à peine si je ressentais colère ou ré volte. Les hommes dirigèrent le canot vers une petite crique bordée d’un sable fin, où les vagues ve naient mourir doucement à J’ombre de quel ques grands arbres. A travers l’herbage, la grève semblait d’un, blanc de perle, comme je . Reproduction interdite....