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Le Temps, 14 décembre 1872

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Le Temps
14 décembre 1872


Extrait du journal

travaux de cette commission, mais il eût convenu d’attendre à tout le moins qu’elle eût fini de délibérer. C’est ce que les plus impatients, les plus ardents eussent dû comprendre, ne fût-ce que dans l’intérêt des .affaires, que tout le monde invoque et dont aucun parti ne tient compte. Mais c’est bien moins de modus vivendi que de bonne conduite qu’il s’agit. La gauche a le tort de vouloir précipiter les choses, et de ne pas comprendre tombien les circonstances ont travaillé pour elle depuis un an. Elle encourt aussi, quoiqu’elle s’en défende, et que sans doute elle ne s’en rende pas compte, le reproche de placer son intérêt de parti avant celui de la libération du terri toire. La droite a le tort de ne pas compren dre à quel point les circonstances lui font une loi de sacrifier, sans arrièrepensées, ses préférences, ses traditions et sa foi. Ce sacrifice lui coûterait sans doute, mais il n’en serait que plus méritoire. Les intérêts conserva teurs devraient comprendre avant tout qu’ils sont frappés d’impuissance s’ils ne consentent à se placer franchement sur le terrain républicain. Avec un peu plus de patience du côté gauche, et plus d’intelligence politique du côté droit, \e modus vivendi serait tout trouvé. Mais quand même il serait in trouvable, .le mieux serait encore de supporter une vie difficile quelques mois de plus, afin d’en finir le plus prompte ment et le plus sûrement possible avec l’occupation étrangère. Peut-être le mouvement dissolutionniste, qui n’est pas du tout aussi factice que le prétend ou le croit la droite, deviendra-t-il irrésistible. Il se peut que tous les ordres du jour n’y fassent rien. Cela n’empêche pas que ce mouvement ne soit prématuré. Il eût fallu attendre quelques mois, et la dis solution se faisait d'elle-même sans nul danger et sans inconvénient d’aucun genre. Peut-être viendra-t-elle plus tôt, trop tôt selon nous; mais, en ce cas, nous n’y voulons pas avoir de respon sabilité. Mais, dit la République, .pour payer, il faut avoir du crédit. Or, un gouverne ment contesté n’en à pas. Le gouverne ment de M. Thiers n’en est pas là; il n’est pas contesté, et ceux mêmes qui le su bissent avec Je plus de déplaisir, ont suffisamment prouvé qu’ils n’avaient pas la puissance de le renverser. Cette puissance leur échappe de plus en plus. Mais ce qu’on ne veut pas voir, c’est que, par le fait de la disso lution, le pouvoir de M. Thiers ne se trouvera pas seulement contesté, il sera formellement mis en question; et se trouvera en quelque sorte suspendu jusqu’à ce qu’il ait été confirmé par l’As semblée nouvelle. Si la dissolution était prononcée demain, M. Thiers n’offrirait plus de garanties jusqu’à nouvel ordre, et par conséquent serait hors d’état d’en proposer. Les pouvoirs de M. Thiers se ront-ils confirmés et renouvelés par l’Assemblée nouvelle ? Nous le souhai tons vivement; nous l’espérons dans une certaine mesure , mais qui pourrait en donner l’assurance ? Pour finir, nous dirons que le gou vernement lui-même a peut-être bien...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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