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Le Temps, 14 novembre 1884

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Le Temps
14 novembre 1884


Extrait du journal

On sait que la police a entrepris et poursuit encore une vigoureuse campagne contre les maisons de jeu et tous les tripots de haut ou de bas étage dont la multiplication à Paris deve nait inquiétante. Il était nécessaire de réagir et de faire respecter la loi. Nombre de cercles ont été fermés ; une chasse permanente a été orga nisée pour découvrir, atteindre et frapper les organisations de jeu clandestines. Ce sont là des mesures de salubrité publique. Ce déploie- I ment d’énergie un peu inusité a surpris bien du I monde et fait naître toute sorte de bruits. On s’est demandé quelle pouvait bien être la cause de tout ce zèle. Certaines gens n’admettent pas que le souci des mœurs publiques, l’obéissance à la loi, la sollicitude pour le bon ordre et le bon renom de notre capitale suffisent à expli quer en cette circonstance la conduite du gou vernement. Elles se mettent en frais d’invention et lui prêtent des intentions secrètes contre les quelles tout proteste, aussi bien le caractère des ministres que la dignité nationale. Dans certains milieux, on ne parle en effet de rien de moins que du prochainrétablissementdes jeux publics. Encore une fois ces bruits n’ont pas une ombre de fondement. Ce n’est donc pas contre une intention du gouvernement à laquelle nous ne croyons pas que nous voulons protester : c’est contre les raisonnements par lesquels les hommes qui se font les patrons de cette noble idée essayent, depuis quelques jours déjà, d’y habituer l’opinion publique. Ou nous dit que l’administration, en poursuivant la campagne dont nous venons de parler, s’est convaincue qu’il est impossible d’empêcher les joueurs de jouer ; plus la chasse a été sérieuse, plus elle s’est trouvée inefficace ; d’ailleurs, il faudrait la renouveler sans cesse. Le meilleur moyen, dès lors, de mettre fin aux jeux clandestins n’est-il pas de rétablir les jeux publics ? De plus, en les affermant, l’Etat y trouvera de superbes béné fices. On est en peine de rétablir l’équilibre de nos budges : voilà une source intarissable de revenus qui combleront aisément le déficit et nous dispenseront de voter de nouveaux impôts. Ce raisonnement est si beau qu’il devrait, à cause de sa séduction même éveiller la défiance. Changer en une source de bénéfices considéra bles un mal que la loi punit et que tous les éco nomistes d’accord avec les moralistes considè rent à juste raison comme une cause rapide de dissolution morale et financière," c’est vraiment un miracle. Or, nous sommes payés pour savoir que le miracle n’a pas de place dans la vie éco nomique d’un pays; que les lois mathématiques sont les plus rigoureuses de toutes et que ce...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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