Extrait du journal
surgit un faune qui leur crie : « Etes-vous bêtes 1 » Et comme ils tressaillent d’épouvante : ...Allons, mes enfants, rassurez-vous 1 Je suis Un brave homme de dieu. Je fais ce que je puis Pour être bon, ainsi que doit faire un brave homme, Fût-il dieu ! Le faune, c’est Goquelin cadet avec son mas que comique, son œil pétillant de malice, sa bouche largement fendue et savoixjoyeuse. Les. propos par où il entre en matière ne démentent pas l’idée que nous en avons conçue d’abord sur sa mine uamœtas a joué une mauvaise face à ces pauvres enfants; le faune, qui se plaît à rire, va, pour s’amuser, le leur montrer la main prise dans le sac et les marier ensuite. Ce sera un bon tour joué par un dieu malin à ce grand-prê tre libidineux. Sur cette belle imagination, nous trouvons tout naturel que Cadet, après avoir écouté les confidences des deux amoureux effa rouchés qui lui content les menaces de Jupiter, s’écrie d’un ton de gaminerie gouailleuse, en re gardant Daphnis : Mais c’est qu’il croit à ces fadaises, l’imbécile! Alors tu vas briser ton cœur, perdre à jamais Amaryllis, fouler sans elle les sommets, Et troubler de tes pleurs les échos de l'Attique: Tout cela dans l’espoir, au moins problf atique, D’un bonheur éternel dans un monde incertain ! Il est fort irrévérencieux, ce faune! mais nous ne nous étonnons point. Il souffle sur les bille vesées dont l’astucieux prêtre de Jupiter a trou blé les cervelles de ces deux nigauds de ber gers; et nous applaudissons Cadet qui donne au faune antique les allures, la voix et la diction de Scapin. Mais nous commençons à sentir quelque in quiétude quand ce faune, poursuivant l’entre tien, en arrive à leur dire : « Vous croyez aux dieux, vous n’êtes que des bêtes (le mot y est) » et termine sa tirade par ce vers singulier : Les dieux n’existent pas : je le sais bien, j’en suis. Nous ne voyons plus trop quel est le dessein de l’auteur. Si ce faune n’est pas un des dieux de la mythologie, qu’est-ce qu’il est ? Une abs traction irréelle. Mais alors pourquoi lui avoir prêté ce langage? Et quand, se tournant vers Amaryllis, il lui dit : Eh bien, moi qui suis dieu, je sais mieux que personne Que les dieux n’ont jamais existé. Comprends-tu? Je serais tenté de répondre : Non, seigneur Faune, je ne comprends pas. Vous ne pouvez être dieu, puisqu’il n’y en a pas; vous n’êtes pas un homme : qu’êtes-vous donc? car encore faut-il bien que vous soyez quelque chose. Ce qu’il est? Nous allons le savoir tout à l’heure. Il est le héraut du grand Pan. Et le voilà...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - daphnis
- albert lambert
- ribot
- dujardin-beaumetz
- péra
- febvre
- félix faure
- ferdinand dugué
- pierre decourcelle
- roger-milès
- algérie
- londres
- jupiter
- rome
- paris
- turquie
- maubeuge
- champ
- angleterre
- villé
- la république
- zeus
- touache
- comité d'organisation des fêtes
- bibliothèque nationale
- conseil de gouvernement
- conseil de gou
- journal officiel
- eclair
- olympia