Extrait du journal
aimée, sans presque la connaître; et lui aussi, édifié maintenant, se jugeait presque indigne de l’immense bonheur qui l’attendait. La voir de près, c’était la révérer, l’adorer. Tout en elle était aimable, noble , et charmant, se disait-il. Rose disait bien1: Ruth était une perle incompa rable, sans défaut... Si fait pourtant, elle en avait-un: elle semblait parfois trop délicate ment sensitive; il l’appelait en riant son mi mosa; mais il n’y avait pas à se le dissimuler, cette disposition pouvait devenir un défaut; Ruth pouvait à l’occasion se montrer suscepti ble, ombrageuse, l’affaire du premier mariage qu’elle avait manqué le prouvait assez; et bien que Heinz ne voulût pas l’entendre, Rose von Arming avait raison de dire que dans cette question de sa dot, si importante, si vitale, elle avait agi de façon un peu puérile et manqué de sens pratique, peut-être de courage, en exigeant de son fiancé ce qu’elle n’aurait pas dû lui de mander. • Un petit nuage, un ' seul, s’était élevé entre eux au cours de leurs fiançailles. Heinz, retenu quelques jours à Dollenburg et s’étonnant de ne recevoir de Ruth que des billets courts et glacés, était enfin arrivé un jour, exigeant l’explication de cette attitude. Il trouva une fiancée noyée dans les pleurs. « ^ — Mais tu l’as dit toi-même!... Tu me l’as dit! répétait-elle au milieu de ses larmes. — Qu’ai-je dit, Ruth? — Que tu ne pouvais souffrir... ces... ces lon-i gués effusions épistolaires... Moi, j’ai dit cela?.... I — Tu as dit, en tout cas, que tu avais la... ,la graphomanie... en horreur.., et naturellement j’ai pris cela pour moi. Je t’avais justement écrit une très longue lettre;.. Il la regarda, si sincèrement navré èt étonné que, comprenant son erreur, elle lui sauta au cou comme une petite fille en jurant que jamais plus elle ne serait si sotte et si folle... Deux jours avant le mariage, Heinz était as sis dans le cabinet de travail de sa nouvelle demeure, il fumait une excellente cigarette : une belle photographie de Ruth lui souriait dans son cadre d’argent ciselé; et des « Gloires de Di jon »; cueillies dans son propre jardin, embaumaierit dans une coupé de cristal. Il était cinq heures. A la même heure le len demain, il prendrait le train pour la Thuringe. Le soir, il sc rendrait au mess pour la dernière fois en sa qualité de célibataire, pour enterrer sa vie de garçon avec les camarades qui étaient jjour lui comme des frères,...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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