Extrait du journal
maison, et j’ai fait deux heares le pied de grue. Quand j’ai été sûr qu’il couchait et qu’il ne sortirait que le matin, j’ai couru chez moi, manger un morceau, dormir un peu et me faire une autre tête. Au petit jour, j’ai repris la surveillance; mais l’homme aux grandes poches n’est sorti qu’à midi. Oh ! il s’en donne! De minuit à midi,rien que ça de vice! Il est reparti du côté du Palais-Royal. Sûr de l’y rejoindre, j’ai monté au galop chez la fille. C’est une bécasse d’alsacienne ; ça n’aurait pas été malin de la retourner. Mais elle ne le connaît pas ; c’est la première fois qu’elle le voit. Elle dit qu’il a beaucoup d’or dans sa bourse et qu’il a été généreux. Il lui a dit qu’il reviendrait ; vas-y voir. Il n’est pas si bête que ça, dans sa position. Pour lors, je n’ai fait qu’une course jusqu’au Palais-Royal, où je l’ai repris dans le jardin. Il causait avec un autre qui a l’air comme lui, d’un militaire en bourgeois. Je me suis approché d'eux en ayant l’air de me prome ner ; mais au même moment, ils se sont sé parés, preuve encore qu’ils se méfient. J’ai cependant entendu l’homme aux grandes poches, qui disait à l’autre : a Poitiers. » Comme je ne pouvais pas les filer tous deux à la fois, j’ai continué l’homme aux grandes poches. Il est retourné au jeu, mais il a perdu. Alors il est sorti du Palais-Royal par le Perron; puis il a tourné à droite par la rue des Petits-Champs, et il est allé du côté de la rue Coquillière. Après, il ' a enfilé la rue Jean-Jacques-Rousseau, ci-devant Plâtrière, et il est entré à la Poste. Comme je me doutais qu’il y allait, j’avais passé devant et je suis entré avant lui. Pour lors, il a re gardé tout autour de lui, et comme j’ai vu qu’il allait vers le bureau de la malle de Bordeaux, j’y suis encore entré le premier. J’ai fait celui qui demande des renseigne ments et j’ai entendu qu’il prenait une place de coupé pour Poitiers. On lui a donné laplace n° 1, pour ce soir huit heures. Quand il a été sorti, j’ai retenu la place numéro 2,et j’ai donné 20 francs d’arrhes que j’ai marqués sur mon carnet de dépenses. Je pense que je n’ai pas eu tort, en cas que M. Degrange veuille faire continuer la surveil lance. Comme j'avais travaillé bien àla douce, je comptais que l’homme aux grandes po ches n’avait pas fait attention à moi. Mais lui, malin, preuve encore qu’il se méfie, m'attendait à la porte. Moi, j’ai passé comme si de rien n’était. Il ne m’a rien dit; mais il s’est mis à marcher derrière moi. Pour lors, quand j’ai vu qu’au lieu que c’était moi qui filais l’homme aux grandes poches, c’était l’homme aux grandes poches qui me filait,...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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