Extrait du journal
— Si tu veux, mon garçon ! dit familièrement son ancienne connaissance, devenu tout à coup son ami. — Eh bien, Armand, vous avez eu tort ; vous n’avez rien compris ce jour-là, et moi, qui ai l’air — qui avais l’air d'une bête, rectifia Gaëtan avec un sentiment très neuf de son développe ment récent — j’avais compris. Céphise a dû vous dire qu’elle vivrait pour maman toute seule, rien que pour maman ; ou bien, si elle ne l'a pas dit, elle l’a pensé, et c’est la même chose ; là-dessus, vous êtes parti, vous, très correcte ment, n’est-ee pas? — Oui, fit Armand, qui rongeait son frein depuis un moment. — Eh bien, quand vous avez été parti... non, vous ne saurez jamais ce qu’elle a pleuré ! — Elle a pleuré ? répéta Carval, en tirant sur les guides de Manette, qui s’arrêta court. — Aïe! Oui, Armand, elle a pleuré... Nous avons pleuré toutes les larmes de notre corps. — Ensemble? demanda l’ingénieur avec un pli de la lèvre qui pouvait aussi bien être un sourire qu’un sanglot. — Oh ! vous ne l’auriez pas voulu ! répliqua Gaëtan avec une expression presque identique ment semblable. Séparément. Et maintenant, si vous voulez aller un peu plus vite, ça me fera plaisir, car pendant que le docteur Legendre est là, il fera bien de me tâter un peu les os, où j’ai rudement mal. Vous pouvez trotter, allez, c’est-à-dire Manette, car pour ce que j’ai d’a grément! Carval mit i’ânesse au trot ; cependant, le so leil était déjà caché derrière les promontoires, pour reparaître bientôt sur la mer, lorsqu’ils arrivèrent à l’avenue des Pavillons. Au portail se tenait Céphise, inquiète, guettant la route. En les voyant, elle rougit et pâlit sur-le-champ. Gaëtan avait beau l’appeler de la voix la plus gaie qu’il pût évoquer, elle ne pouvait se résoudre à regarder au fond de la charette. En deux mots Armand lui expliqua l’aven ture. — Que maman va avoir peur! dit-elle. Et jus tement elle est près de Colette. Aussitôt Gaëtan se hissa sur son séant....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - carval
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