Extrait du journal
si grand; il déjoue si souvent les calculs des 1 plus experts et trompe, avec tant d’éclat leurs prévisions! On ne sait jamais. Ce quil y a de cer tain, c’est qu’une fois son parti pris il monta la pièce avec un soin infini, donna à l’auteur ses meilleurs artistes et exigea même que les rôles qui ne sont presque que de figuration fussent tenus par des acteurs. Il fit brosser par Jambon des décors qui sont vraiment beaux, et dont l’un, celui du deuxième tableau du quatrième acte, avec ses tours qui se détachent sur le ciel, •avec ses énormes échafaudages de machines en batterie est d’un pittoresque admirable. La pièce comporte de grands mouvements de foule. Marck ne lésina point sur le nombre des figurants, non plus que sur les costumes. Ce qu’il ne put obtenir, c’est que tous ses figurants imitassent le désordre d’une foule en action. Ils tendent tous la main à la fois, d’un geste uni forme, en criant à l’unisson des voix : « Nous le jurons ! » ou : « Vive César! » A moi, ce dé tail est indifférent, car je trouve quetoute pièce où il prend une importance considérable ne saurait être une -belle œuvre. On cite toujours Shakespeare; mais outre qu’il n’y a dans Sha kespeare qu’un fort petit nombre de scènes où la foule ait un vrai rôle, ce n’est pas (sauf de très rares exceptions) par ces scènes-là que ses drames ont mérité de passer chef-d’œuvre. Tout le temps que Ton perd à mettre ces figura tions en scène et à les faire mouvoir pour rait être plus utilement employé ; dix beaux vers dits par un Mounet-Sully ou par une Sarah Bernhardt font plus de plaisir et donnent, une sensation d’art plus noble et plus profonde, ! que la rumeur, parfaitement reproduite, d’une foule gesticulant et criant sur la scène. Je sou haiterais que nous fussions assez idéalistespour que le soin de figurer la foule fût remis à un seul artiste, qui exprimerait en langage harmo nieux le désordre des sentiments de la multi tude. En attendant, il faut bien nous contenter de nos figurants, qui, par convention, font en semble le même geste et poussent le même cri. M. Gottinet n’a donc point à se plaindre de l’Odéon qui a fait de son mieux et pour le ’ mieux, et ce mieux est fort bien. Si la pièce, après le succès que nous lui avons fait à la pre mière, succès de déférence pour le genre et d’estime pour l’auteur, n’a plus attiré aux re présentations suivantes qu’un public rare, qui reste froid, c’est qu’elle n’a pas en soi de quoi l’échauffer et lui plaire. Savez-vous ce qui lui manque surtout, ce dont l’absence nous a fait cruellement souffrir ? Elle manque de style, de poésie, de panache, d’au-...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - avelane
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