Extrait du journal
de la discuter, mais seulement de la constater, et après l’avoir constatée d’en déduire les con séquences. Or, les conséquences s’offrent d’ellesmêmes, elles s’imposent à quiconque réfléchit. La conquête par les armes doit aboutir à la conquête par ia charrue ou bien elle demeure sans objet, elle n’est que gloriole onéreuse et périlleuse : pure sottise. La conquête par la charrue s’appelle colonisation. Pour coloniser, il faut cultiver; pour cultiver, il faut posséder le sol. Pour posséder le sol, quand on y trouve des occupants antérieurs,-il faut, de façon ou d’autre, remplacer ceux-ci ; toute colonisation est substitution, éviction des détenteurs anciens par des détenteurs nouveaux de la terre aux quels des soldats ont ouvert l’accès du pays. De quelque manière qu’elle s’accomplisse, la subs titution doit se faire si la colonisation a lieu, car elle en est la condition préalable, elle fournit la matière première de celle-ci. Je n’examinais pas les procédés employés pour satisfaire à cette inéluctable et primordiale nécessité de l'expro priation, laissant le débat aux avocats de la conscience et à ceux de la force des choses, qui ne s’entendront jamais. J’acceptais le fait iné vitable, je l’anticipais, et supposant la déposses sion des indigènes achevée je trouvais comme reliquat de l’opération un immense prolétariat en burnous ; un prolétariat de plus de deux mil lions de déracinés si la population présente,' arabe et kabyle, ne disparaissait pas, dévorée par le sol qui la porte. Vivant de presque rien, ceux qui composeront ce prolétariat indigène se contenteront pour ne pas mourir de faim d’un salaire infime. Ils évinceront les ouvriers venus du dehors qui ne pourront, qui ne vou dront pas se contenter de si peu. Et alors?... Le conflit engagé en Amérique entre les ouvriers chinois et leurs concurrents européens s’offrait tout naturellement à mon esprit. Quelles autres difficultés, quels conflits plus aigus susciterait cette population d’affamés indigènes aux prises avec la légion des salariés immigrés 1 De telles perspectives entrevues dans le loin tain — qu’importe le temps 1 — n’étaient guère faites pour attirer le sommeil qui me fuyait. Une image d’ailleurs, jusqu’alors écartée, ve...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - rousselle
- kebir
- adrien hébrard
- roussette
- massicault
- cambon
- neumayer
- lord roberts
- mada
- de mahy
- paris
- angleterre
- tananarive
- france
- vienne
- algérie
- annam
- allemagne
- arménie
- nice
- m. d
- armée française
- la république
- faculté de droit
- ambassade de france
- times
- union postale
- sénat
- journal officiel
- parti libéral