Extrait du journal

Les informations qui nous parviennent de Rome laissent éntendre que les déclarations faites par M. Georges Bonnet devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des députés ont provoqué en Italie une vive déception. Le ministre des affaires étrangères ayant déclaré que la France n'acceptera jamais de céder un pouce de son territoire à l'Italie et que toute tentative pour, réaliser une telle prétention ne pourrait conduire qu'à un conflit armé, on semble éprouver à ce sujet beaucoup de mauvaise humeur dans les milieux fascistes, où, assure-t-on, on se serait attendu, si invraisemblable que cela puisse paraître, à moins de fermeté de la part de la France, à moins d'unité du sentiment national français en présence des revendications insensées du fascisme italien. On discerne bien que de l'autre côté des Alpes on a spéculé trop témérairement sur le désordre intérieur en France, qui s'il avait persisté aurait fait, croyait-on, de notre empire colonial une proie relativement facile pour Ceux qui s'imaginent pouvoir recueillir un jour une succession qui n'est pas ouverte et ne la sera pas. On se rend bien compte que si la criminelle tentative de.grève générale du 30 novembre avait pu réussir le danger extérieur se serait aussitôt aggravé pour notre pays, et il n'est pas exclu que l'offensive italienne, si remarquablement orchestrée, ait précisément été montée de toute pièce en vue de cette éventualité." La victoire de l'ordre et de l'autorité à Paris le 30 novembre a déjoué tous les calculs (établis sur une perspective aussi incertaine, et on a l'impression que l'offensive de la presse fasciste contre la France, au sujet de laquelle le gouvernement de Rome a pris soin, par la voix du comte Ciano, de décliner toute responsabilité, a été déclenchée alors que déjà le but qu'on lui assignait* était manqué et qu'elle n'avait pratiquement plus d'objet....