Extrait du journal

BULLETIN DU JOUR La séance tenue hier par les plénipotentiaires a été ouverte par une communication écrite contenant le programme modifié et adouci que la conférence soumet à l'acceptation de la Porte. Ainsi qu'on le savait déjà,-dans ce 'programme, il n'est plus question d'une gendarmerie étrangère, non plus que du remaniement et des divisions de la Bulgarie; on renonce à exiger le cantonnement des troupes turques dans les forteresses des pays récemment insurgés; la cession à. la Serbie du fragment de territoire appelé le PetitZwornik est laissée en suspens; les valis ou gouverneurs des provinces chrétiennes seront eux-mêmes chrétiens, mais leur nomination, au lieu d'être soumise indéfiniment à l'approbation des puissances garantes, ne devra subir cette formalité que pendant les cinq années qui suivront le traité actuel; enfin, la commission internationale perdrait ce caractère et deviendrait un comité de surveillance composé d'Européens et de sujets ottomans. C'est lord Salisbury qui, après avoir lu le document que nous,analysons, l'a remis aux mains des plénipotentiaires turcs. Certaines dépêches prétendent que l'envoyé extraordinaire anglais aurait ajouté qu'il avait reçu l'ordre de son gouvernement de se retirer sur-le-champ si les propositions de la conférence n'étaient pas acceptées par Ja Porte; en quoi il aurait' été imité par sir Henry Elliot, qui a annoncé qu'il s'éloignerait en laissant un chargé d'affaires pour le remplacer. Les autres membres de la conférence se seraient exprimés dé la même façon. Alors l'un des plénipotentiaires turcs, Safvet-Pacha, tout en exprimant l'opinion que la Porte ne pouvait pas accepter les deux points relatifs à la commission de surveillance et à la /nomination 'des gouverneurs, aurait dit « Nous demandons à en référer' à notre gouvernement et jeudi au plus tôt, samedi au plus tard, la Porte donnera Ma conférence une réponse définitive. » Il se peut que ces détails soient, exacts dans le fond mais nos renseignements particuliers nous portent à croire qu'on ne doit les accueillir que comme résumant des conversations familières, dépourvues de caractère officiel. En réalité, lord Salisbury, parlant au nom de tous ses collègues, a invité les plénipotentiaires turcs à. un débat qui aura lieu jeudi et où les propositions de la conférence seront examinées en commun; après ce débat, les délégués turcs auront encore du loisir pour conférer avec les chefs de leur gouvernement, puisque c'est seulement pour samedi que l'on demande à la Porte une réponse, cette fois tout à fait définitive. La nuance entre ces deux versions n'est pas entièrement dépourvue de signification dans l'une, les Turcs, après avoir mis le doigt sur les difficultés qui, les séparent de la conférence, réclament un délai pour réfléchir et délibérer; dans l'autre, les difficultés n'ont pas été signalées par eux, et le délai leur est offert avant même qu'ils l'aient sollicité. Cette seconde version est moins favorable...