Extrait du journal

L’ORTHOGRAPHE Le discours que M. Briand a prononcé aujourd’hui en ouvrant la session du conseil supérieur de l’ins truction publique, et dont on trouvera le texte plus loin, nous apporte une bonne et heureuse nouvelle. L’orthographe est sauvée, au moins provisoirement. Nous gagnons du temps : c’est énorme. « Encore un petit moment, monsieur le bourreau I » s’écriait la Du Barry au pied do la guillotine. A cette époque, un petit moment a suffi à de nombreux condamnés pour arriver à l’étape libératrice du 9 thermidor. Nous aussi, grâce au délai que nous accorde la clémonce de M. le ministre de l’instruction publique, nous finirons peut-être par échapper au supplice dont nous menacent-ces tortionnaires, qui ont remplacé le couperet par le rasoir. L’idée de réformer l’orthographe est étrange ; celle de faire décréter cette réforme par le gouvernement est.plus.étrange encore. « En matière de théâtre, je h’al que ma place au parterre », disait Charles X, roi très .chrétien et très pénétré do ses prérogatives. Il n’hésita pas à risquer son trône, et à le perdre, pour le plaisir de signer des ordonnances liberticides ; mais c’étaient du moins des ordonnances politiques, et II aurait pris pour un fou loPolignac de Sorbonne qui lui eût proposé de légiférer autocratiquement sur un point quelconque de linguistique ou de litté...