Extrait du journal

La conférence a donc échoué. Nous avions laissé prévoir cet échec, qui était inévitable 'dans les circonstances présentes. L'expérience américaine avait été entreprise il y a trop peu de temps pour que l'on pût raisonnablement compter que le président Roosevelt consentirait à y mettre un terme ou même à l'inter.rompre avant d'en pouvoir mesurer les résultats. Or cette expérience, qui consiste essentiellement à obtenir au moyen d'une faillite monétaire le relèvement des prix, l'allégement ;des dettes intérieures et la restauration de l'activité économique, allait droit à l'encontre ;de ce que souhaitaient les promoteurs de la Conférence. Au lieu de pouvoir hâter le retour à la stabilité des monnaies, ils se trouvaient en ̃présence d'un nouvel élément d'instabilité, élément qui aggravait singulièrement le désordre universel, et dont il fallait bien se rendre compte que l'élimination même provisoire était impossible dans un avenir rapproché. Les conditions dans lesquelles l'assemblée 3e Londres va suspendre ses travaux sont-elles de nature à justifier des inquiétudes ou à susIciter des regrets? Nous ne le croyons pas. Pour la raison que nous venons d'indiquer, la conïérence ne pouvait donner actuellement de résultats tangibles. Elle a été prématurée, paroe que la liquidation du passé qui pèse sur 'J'économie mondiale n'est pas achevée. Une des phases les plus dramatiques de cette liquiidation n'a fait que commencer, aux EtatsUnis, avec la chute du dollar. Tant qu'elle ne sera pas terminée, nulle assemblée internationale ne réussira à faire du travail utile dans le domaine monétaire et économique. En présence de l'aventure américaine, la 'conférence mondiale n'était pas seulement condamnée à demeurer stérile. Elle risquait de. ifaire beaucoup de mal. Un pays où se poursuit une expérience monétaire aussi téméraire, que celle qui se déroule actuellement outreiAtlantique est toujours tenté de faire du protsélytisme, alors même qu'il n'a nul intérêt à yoir d'autres nations suivre son exemple. Il {fallut à l'Angleterre plus d'un an pour se convaincre, que la baisse de la livre serait d'autant plus profitable à son industrie qu'il subsisterait plus de monnaies étrangères ayant conservé leur valeur or intacte. Les Etats-Unis lie sont pas encore dans cet état d'esprit, à en juger par les projets de dévaluation internationale des monnaies mis récemment en avant par certains experts américains.....