Extrait du journal

Le point particulièrement délicat pour les cabinets de Berlin et de Rome est dans le fait que le président Roosevelt n'a pas manqué de souligner expressément que s'il est vrai, ainsi que M. Hitler et M. Mussolini n'ont cessé de le proclamer, que le peuple allemand et le peuple italien ne désirent pas la lutte armée, il ne doit pas y avoir de guerre. .Le désir de paix de ces deux grands peuples ne fait pas de doute, en effet. Aussi la principale préoccupation de la presse nationale-socialiste est-elle de persuader à cette heure les Allemands que leur pays est menacé d'encerclement, qu'on veut l'isoler et. limiter dangereusement ses moyens d'existence, ce qui le contraindrait à se défendre par les armes. Mais le message de M. Roosevelt a ruiné d'avance cette thèse, car il écarte toute politique d'encerclement, et suggère au contraire le moyen le plus pratique pour les Allemands et les- Italiens d'obtenir par des discussions pacifiques, sur un pied d'égalité avec toutes les autres nations, ce qui est nécessaire à leur existence et à leur prospérité économique. Le président des Etats-Unis ne demande pas autre chose qu'une déclaration d'intention, qu'un engagement de non-agression garantie pour une période de dix à vingtcinq ans, pendant laquelle on pourrait travailler au règlement pacifique de tous les problèmes qui se posent en Europe. L'adoption de sa formùle donnerait donc bien au peuple allemand et au peuple italien la certitude d'obs tenir des moyens d'existence qu'aucun recours à la force des armes ne pourrait leur procurer. Si M. Hitler et M. Mussolini répondent négativement au message de M. Roosevelt, il serait établi aux yeux du monde entier qu'ils préfèrent la politique de force à la politique d'entente et de coopération....