Extrait du journal

En ces matières, les nombres absolus sont beaucoup moins instructifs ou élo quents que les nombres proportionnels. En disant que A paye 10,000 fr., nous ne savons si ce chiffre est ou non élevé qu’après l’avoir pu comparer au mon tant du revenu de A. La somme de 10,000 fr. est absolument supérieure à 5 fr., mais elle peut être proportionnellement inférieure. Or, puisqu’on se propose de réviser la législation sur les patentes, il serait nécessaire de tenir compte du rapport proportionnel. C’est une tâche difficile, nous ne l’ignorons pas, mais il n’est pas impossible de l’accomplir. Quoi qu’il en soit, nous voici devant l’impôt sur les matières premières ; le gouvernement arrivera à ses fins, mais non par la voie qu’il avait d’abord choi sie. Pour pouvoir imposer les matières importées, il propose maintenant un im pôt Sur les métaux autres que le fer. Sans doute, lorsqu’il y aura un droit sur le cuivre français, sur l’étain, le plomb et le zinc français, on pourra taxer au même chiffre les similaires étrangers, anglais, belges, allemands ; les traités l’autorisent expressément. Mais si une chose est permise, elle n’est pas pour cela sage ou avantageuse. Otez à l’impôt sur les matières premières son caractère protectionniste, ce qui nous semble pratiquement'impossible, bien qu’on puisse le concevoir en théo rie; ôtez-lui ce caractère, disons-nous, ' vous n’en fôrez-pas un bon impôt. Ce sera toujours une taxe nuisible à la pro duction, funeste à l’exportation, et cer tainement il y aurait eu des impôts bien plus rationnels à choisir. Malheureusement, en cette matière, l’Assemblée nationale s’est trop laissé influencer par la politique, et il est à craindre que sa politique n’ait pas été assez bonne pour nous faire avoir... de bons impôts....