Extrait du journal
(Dépêche de noire correspondant particulier) Les funérailles de l’empereur Berlin, 17 mars, 8 heures. C’est par un froid de douze degrés que les funé railles ont eu lieu. Cette rigueur de la température a beaucoup contribué à enlever à la cérémo nie une partie de son éclat. Tous les uniformes étaient cachés par des manteaux ou des houppe landes en fourrure. Une autre cause de déception est à chercher dans le travail des ouvriers qui n’ont pu terminer à temps la décoration des monuments et des rues, et qui ôtaient encore perchés sur des échelles pour clouer des draperies au moment où le cortège défilait.devant eux. - La foule aussi qui, malgré le froid, se pressait en rangs serrés sur l’immense parcours, derrière la lune des corporations et des associations de mili taires et d’étudiants, n’était rien moins que recueil lie. Très animée, très bruyante, elle n’a gardé le silence que lorsque le char funèbre a paru. Je vous ai télégraphié hier le compte rendu suc cinct de la cérémonie au Dôme, qui n’a duré que trois quarts d’heure. Vers une heure, le cortège s’est mis en marche d’après le programme que vous con naissez et que vous avez publié. Les différents corps de troupe se suivaient à de très grandes distances, de sorte qu’il y avait dans le cortège des vides qui produisaient un effet dé plorable. Après les premiers détachements militaires, on a remarqué les quatre pasteurs de la cour, parmi lesquels le fameux M. Stœcker. Le char, traîné par huit chevaux, était de très pe tites dimensions ; le cercueil, en velours cramoisi, bordé d’or, reposait sur un soubassement tendu de draperies noires, dont les roues étaient voilées de crêpe et ornées de bluets. Le baldaquin, en drap d’or, était soutenu par douze colonels. Immédiate ment derrière le char venait le cheval de bataille de l’empereur ; puis le prince Guillaume, tout seul, ne regardant ni à droite ni à gauche, et marchant rai de comme s’il était à la parade. Après lui, les rois, les princes, les représentants des gouvernements étrangers, les généraux, etc., etc., dans l’ordre qui avait été minutieusement indiqué. A la fenêtre du palais apparaît un moment l’impératrice Augusta, qui jette un dernier coup-d’œil sur celui qui fut son époux. Dès que le cortège est passé, la foule se précipite sur les guirlandes de feuillages et les branches de sapin, qu’elle emporte comme souvenir. Dans l’allée des Tilleuls, le cortège avait déjà pris une allure plus accélérée; à partir de la porte de Brandebourg, il a perdu tout caractère solennel. Ar rivé à la colonne do la Victoire, il s’est divisé en deux. Les princes et les généraux sont montés en voiture, et les troupes, avec le char, ont continué la longue route de Charlottenbourg, où ils sont arrivés à trois heures et demie. A l’entrée du parc, les voitures de la cour ont re joint le cortège, qui a pénétré alors dans l'allée qui s’étend le long du château. L’empereur Frédéric III s’est montré à ce moment à la fenêtre du grand salon qui donne sur le parc. Il portait l’uniforme de général avec le cordon de l’Aigle noir. 11 est resté là, les yeux tournés vers le mausolée, jusqu’après les salves d’artillerie qui ont accompagné la bénédiction du cercueil. M. de Bis marck et M. de Moltlce se trouvaient, dit-on, avec l’empereur, mais on ne les a pas aperçus. La cérémonie au mausolée a été très courte. Pendant que le cercueil est descendu sur une plate forme, les membres de la famille, les princes et les hauts dignitaires se réunissent sur une étroite pe louse devant le petit édifice où le cercueil est placé ; une cinquantaine de personnes seulement le suivent, en raison de l’exiguïté du monument. Le cercueil de l’empereur est déposé sur les dalles, entre les inscriptions mortuaires de la reine Louise et de Frédéric-Guillaume. La famille entoure le cer cueil ; l’impératrice Victoria est venue assister à la cérémonie. Le pasteur Kœgel, placé entre deux beaux marbres du roi et de la reine, lit les prières, tandis que dehors, sous les arbres, quatre batteries d’artillerie tirent des salves. Quand les prières sont terminées, les généraux défilent en saluant une dernière fois leur chef. L’empereur restera exposé quinze jours avant que son cercueil soit descendu dans le caveau. Le soir, à sept heures, un dîner de famille a eu lieu dans la galerie des Tableaux du château....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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