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Le Temps, 18 mai 1940

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Le Temps
18 mai 1940


Extrait du journal

Le plein éveil de la conscience américaine s'atteste hautement dans le message dont le président Roosevelt a donné lecture hier au Congrès au sujet du programme de réarmement des Etats-Unis. Il y a là une manifestation qui dépasse le cadre de l'intérêt purement américain et qui a une portée considérable d'un point de vue général. En fait, ce discours s'adresse, par les principes qu'il met en valeur, à tous les pèuples libres, car il met l'accent sur la nécessité de parer, chacun dans son domaine et dans la mesure de ses possibilités, à ce qui est, à proprement parler, un danger universel qui ne saurait laisser indifférent aucun esprit ayant le sens de la dignité, humaine. Nous avons signalé hier la thèse soutenue par le New. York Herald Tribune, selon laquelle la solution là moins' coûteuse est probablement pror les Américains de déclarer immédiatement la guerre à l'Allëmagne et d'aider les alliés sur la ligne de défense, où ils, font tant de sacrifices, parce que cela aurait à l'heure présente d'immenses répercussions sur l'ensemble de la situation. Sans envisager en aucune manière une telle décision comme étant du domaine des éventualités plus ou moins immédiates, il n'en est pas moins important. d'insister sur le fait que l'évolution des esprits sé précise rapidement de l'autre côté de l'Atlantique, et que les Américains prennent,pleinement conscience, de l'étroite solidarité morale qui tes lié aux grandis. démocraties européennes 'en lutte contre là plus monstrueuse des tyrannies, que sur le plan moral et politique leur causé s'apparente étroitement à.là nôtre, car si l'Allemagne hitlérienne pouvait être victorieuse et dicter sa loi à l'Europe les conditions d'existence des peuples des deux Amériques s'en trouveraient profondément modifiées et la doctrine de la liberté dans tous les domaines, source de toute prospérité américaine, ne pourrait être adaptée dans la pratique à un ordre international totalitaire entièrement dominé par l'influence germa-nique....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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