Extrait du journal
pour les ouvriers à bien comprendre que l’arti cle 414 vise des/cas qui leur sont pour ainsi dire spéciaux. Les orateurs des réunions publi ques. le savent fort bien, et les travailleurs aveugles et ignorants ne s’en doutent pas; sans cela ils seraient moins empressés à traduire les paroles mauvaises dont on les sature en faits délictueux dont ils supportent, eux seule, les conséquences. . L’article 414 vise les manœuvres en quelque sorte extérieures; Les ouvriers qui renversent les tombereaux, brisent les outils de leurs ca marades, les détournent du chantier par des menaces proférées sur les lieux mêmes du tra vail, ceux-là tombent sous les peines édictées . par l’article 414. ' Au contraire, l’orateur des réunions publi ques, celui qui, entre les quatre murs d’une salle de club, jette des paroles haineusès, per fides et enflammées, celui-là ne risque rien ou presque rien. Il bénéficie des immunités de la parole ; il est abrité par une loi spéciale, celle de 1881, qui lui assure des condi tions particulières de sécurité. C’est ainsi que nous assistons à ce spectacle étrange, que les orateurs les plus ardents, les plus pas sionnés, les véritables instigateurs de la grève, ne sont pas poursuivis et n’ont rien à redouter, . tandis que les simples ouvriers, enivrés par leurs discours et qui traduisent les excitations en faits publics, sont poursuivis. La conclusion à tirer de là.serait, à notre avis, toute différente. Ce serait d’appliquer l’article 414 aux orateurs des réunions publiques qui, eux, ne risquent rien aujourd’hui, et de les dé pouiller des immunités de la loi de 1881. La jus tice doit être égale pour tous, et ce n’est point sans tristesse que nous avons vu les orateurs des réunions publiques poursuivre tranquille ment leurs excitations, tandis que les ouvriers crédules et ignorants étaient punis pour avoir mis en pratique leurs odieuses théories. Nous avons encore assisté à des spectacles -véritablement singuliers. Des ouvriers qui, pour faire vivre leur femme et leurs enfants, pour leur donner ce pain de chaque jour si dur à gagner, avaient repris l’outil, étaient amenés comme des condamnés en pleine réunion pu blique. Là, sous des menaces, sous les vocifé rations féroces des grévistes, ils ont été obligés de s’humilier, de s’avouer vaincus, de crier Vive la grève! alors qu’ils entrevoyaient la faim ot la misère au foyer domestique. D’autres se sont vus traînés devant une façon de tribunal populaire où on leur a demandé compte de leur conduite, où ils ont subi les affronts et les sar casmes, où ils ont supplié qu’on leur pardonnât le crime d’avoir donné la pâture à leur familje ! Et les sauvages qui se livraient à ces abomina bles tortures n’étaient ni recherchés ni pour suivis ! Pourquoi ? parce que c’est là un délit commis par la parole dans l’enceinte d’une réunion publique et que la loi de 1881 les prend sous sa protection. Une telle différence dans l’application et dans la distribution de la justice a de quoi choquer. S’il y avait une réforme à apporter à la législa tion actuelle, nous le répétons, nous serions beaucoup plus disposés à étendre l’article 414 du Gode pénal. Il faut vraiment que les travail leurs soient aveugles, pour ne pas s’apercevoir que les instigateurs des grèves restent impunis, abrités qù’ils sont par la loi de 1881, tandis que les ouvriers qui traduisent les paroles en actes tombent sous les coups de la répression édictée par le Gode pénal. ' -<►—: — AFFAIRES COLONIALES Madagascar Le courrier de la Nouvelle-Calédonie et de Mada gascar, arrivé hier à Marseille par le Yarra, des Messageries maritimes, a été distribué ce matin à Paris. „ La Fête du 14 juillet a été célébrée avec un grand éclat dans la capitale de l’Emyrne., La part que le gouvernement.et le peuple hova y ont prise est la preuve la plus palpable de la sûreté do nos rela tions avec, la cour d’Emyrne. Les officiers de l’escorte de la résidence générale ont pris la direction de l’école des cadets récemment constituée à Tananarive. A Tamatave, la fête a été rehaussée par la pré sence du croiseur le Beautemps-Beaupré. Il y a eu une retraite aux flambeaux le 13 au soir, régates, réjouissances publiques et grand bal à la résidence le 14. Tunisie On nous télégraphie de Tunis, à la date du 17 août: Aujourd’hui a eu lieu la grande fête musulmane dite « du mouton ». Le bey, entouré des princes, est venu recevoir au palais du Bardo les hommages des fonctionnaires et des notables. Il avait à sa droite le délégué de la résidence, qui, après avoir été reçu le premier, a adressé au bey des félicitations auxquelles ce dernier a répondu en exprimant ses vœux pour la France. A la suite de cet échange de compliments, les consuls ont été introduits. . 'L'Officiel annonce que le gouvernement a décidé l’achat de divers instruments, tels que soufflets, pulvérisateurs, injecteurs à traction, destinés à être mis à la disposition des viticulteurs pour le traite ment éventuel de leurs vignes....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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