Extrait du journal
Il haussa longuement les épaules et, avec un soupir prolongé, articula : — Je n’ai plus rien qui m’attache ici ! Un cri d’ardente, de déchirante protestation jaillit de sa bouche : — Oh ! Alfred 1 Croyez-vous donc... Mais il l’interrompit, accentua nettement, comme s’il exprimait une irrévocable volonté : — Tous mes intérêts sont à Toulouse désor mais. Elle se sentit soudainement glacée. Elle com prit devant quelle inexorable indifférence se briserait l’effusion de sa tendresse; mais tout ce que, pendant trois années, elle avait âprement refoulé dans l’intimité de son cœur lui montait aux lèvres, s’échappait irrésistible ment. — Qu’allez-vous devenir? Que comptez-vous faire ? ajouta-t-elle, se reprenant. Toute son âme se tendait dans le regard qu’elle dardait sur le sien, guettant sa pensée. Il se détourna, et, passant sa main sur son front : — Je compte, dit-il, me marier sans tarder. Un instant, elle resta silencieuse, étourdie sous le coup de cette brutale déclaration; puis d’une voix indécise, à peine intelligible, elle de manda : — Avec cette femme? Sans hésiter, les sourcils froncés, comme s’il venait de recevoir un injure, il répondit : — Certainement. Elle joignit ses mains et, les laissant retom ber sur le bras du fauteuil : — C'est horrible! Alfred! C’est horrible! Vous avez donc tout oublié ?... Elle se renversait sur son épaule, s’abandon nant à mesure qu’il s’éloignait, et il la mainte nait du bout des doigts, lui disant : — Calmez-vous, mademoiselle. Mais elle lui ferma la bouche d'un mouve ment passionné : — Non, non, pas mademoiselle. Esther com me autrefois, comme lorsque nous étions en fants, que vous m’appeliez ma petite femme. Il se dégagea et, d’un geste grave, il lui montra sa mère. Elle ne voulait pas l’écouter et le tirant vers elle, le forçant à regarder, elle lui désignait un meuble, une vitrine qui laissait voir un entas sement de jouets, des brouettes, des pelles, des arches de Noé, des boîtes à ménage, des quilles, des soldats de plomb ; et dans une exal tation qui la transfigurait, dont vibrait tout son êlre, elle lui disait :...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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