Extrait du journal

V — Suite A’ ce discours, Cliarlie Lindsay, quittant sa pose nonchalante, se redressa vivement sur ' soii fauteuil. Il formait un parfait contraste avec lord Brayton. Blond, l’œil bleu étincelant, le visage animé, la voix claire, le sourire facile et ensoleillé,. il paraissait aussi jeune pour ses vingt-cinq ans qu’Edgar semblait mur pour les siens. — Eh bien, fit-il promptement, je puis- vous dire, moi, que je mentirais à mon caractère si j’agissais comme vous : invariablement je fais ce que j’ai résolu de ne pas faire; et vous n’imaginez pas quelle quantité de plaisir on . récolte avec ce procédé. C’est le moyen simple et ingénieux de ne manger jamais que du fruit défendu — de seul agréable, comme nul ne l’ignore. ' En se redressant, le jeune Cliarlie avait im primé au tapis placé sous leurs pieds un pli défectueux. Edgar le .remit en place; et chez ■ l’un et l’autre de geste était, caractéristique. — N’allez pas croire, au moins, reprit lord Brayton, que je condamne chez autrui ce que je ne permettrais pas à moi-même. Chacun a son code et son idéal de conduite qui ne sau rait convenir à tout le monde. La seule chose qui importe ici-bas, c’est d’avoir un plan, un i but, et de s’y tenir. — Dieu! fît Charlie en riant, je me sens pousser, des cheveux Mânes rien qu’à vous en tendre. Comme si on pouvait avoir un plan, un but avant quarante ans! Jusque-là on se...