Extrait du journal

Nous voudrions n'avoir pas à revenir sur le décret de suspension qui vient d'être rendu contre deux organes de la presse bonapartiste, mais nous sommes pourtant bien obligés de constater que cette mesure a rencontré dans le public une désapprobation générale. Presque tous les journaux, à quelque nuance qu'ils appartiennent, la blâment explicitement tout ce que peuvent faire les plus réservés c'est, en enregistrant les faits de s'abstenir de toute réflexion. Ce désaveu de l'opinion était, ce nous semble, aisé à prévoir. Outre la question de principe, qui demande qu'avant toute condamnation les prévenus aient le droit d'être entendus et de présenter librement leur défense, outre l'inconvénient qu'il y a pour Tin gouvernement libéral à ressusciter, même accidentellement et à titre de rare "exception, les pratiques autocratiques du triste régime renversé l'an dernier, nous ne voyons pas ce que le pouvoir actuel peut gagner au coup d'autorité dont il s'agit, tandis que nous voyons 'fort bien tout ce qu'il peut y perdre. Les lleua journaux suspendus avaient peu de prise sur le public, même sur le moins éclairé; ils allaient journellement se discréditant de plus en plus par la violence haineuse de leur polémique; ils auraient inévitablement fini par succomber sous' l'indifférence et la répulsion de l'opinion. Quel besoin avaiton à Versailles de leur ménager un regain, nous. ne dirons pas d'intérêt, à Dieu ne plaise 1 mais de curiosité malsaine pour le jour où, l'état de siége étant levé, ils pourront librement reparaître? Nous disions hier que, si l'on voulait à toute force sévir, il eût mieux ,valu poursuivre judiciairement et en appeler, comme on l'a déjà fait, il n'y a pas. encore bien longtemps, à la juridictiôn ordinaire; mais nous persistons à croire qu'il eût été encore plus sage de se contenter de la publication au Journal o~~ciel du récit exact des faits,mis en regard des accusations calomnieuses des deux porte-voix de l'impérialisme. Il faut d'ailleurs ajouter que l'un de ces journaux peut soutenir qu'il a été victime d'une erreur de fait, ayant emprunté son récit, c'est-à-dire 'le corps du délit, à un autre journal....