Extrait du journal

i francs et donnait le reste à sa mère. De son ' côté; sa sœurThérésa faisait quelques travaux d’aiguille. Avec cela,: les deux femmes vi vaient tant bien que mal. ; c;; ,• A force de travail, Félix devînt professeur. On l’envoya à Poitiers. Là, il se mit à don ner des répétitions, ainsi que le font la plu part de ses confrères. Son existence modes te et régulière et son caractère grave ne pouvaient manquer de réussir, en province. Il eut beaucoup d’élèves ; malheureuse ment, il consulta plus son courage que ses forces. Pressé par l’heure, il courait d’une maison à l’autre, arrivait trempé de sueur, et restait une heure ou plus dans une chambre souvent sans feu. A ce pénible métier, il ga gna une extinction de voix et dés douleurs rhumatismales. Il résista longtemps, mais il arriva pourtant un moment où force lui fut de se soigner sé rieusement. Le médecin profita des vacances pour l’envoyer à Aix, en Savoie. Félix avait alors quarante-deux ans. Sa vie pouvait se résumer en un seul mot : travail. Son extérieur n’avait rien de remarquable ni en bien ni en mal. Il était plutôt grand que petit, et un peu voûté; il avait la voix dure, et sa figure paraissait très sévère au premier abord. Quand il était à son aise et n’avait pas la gorge serrée par sa timidité ha bituelle, sa physionomie changeait complè tement. Elle respirait alors la douceur et là bonté, et son sourire spirituel, mais toujours triste, laissait à découvert upe bouche d’enfant et des dents magnifiques, Dans sa démarche,' comme dans sa figure, un observateur aurait reconnu facilement cette expression, ou plu...