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Le Temps, 20 septembre 1884

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Le Temps
20 septembre 1884


Extrait du journal

L'enquête ouverte par lord Northbrook sur la situation financière de l'Egypte a produit un premier résultat. La présence du premier lord de l'amirauté britannique sur les bords du Nil et, sans doute aussi, les conseils qu'à l'exemple de lord Dufferin il a prodigués au gouvernement khédival ont entraîné ce dernier à une grave détermination. Les ministres égyptiens ont pris sur lui de passer outre aux conventions internationales qüibnt établi le régime financier de leur pays. Le .MoM~M~ égyptien publie une décision du conseil qui supprime l'amortissement de la Dette; les revenus, dont la loi de liquidation a décidé l'affectation, cesseront, en tant que le service des coupons sera assuré, d'être versés à la Caisse de la Dette publique, pour être remis au ministère des finances les gouverneurs des provinces à revenus assignés, le directeur général des douanes et l'administrateur européen des chemins de fer égyptiens ont été avisés de se conformer à cette mesure, les uns jusqu'au 15 octobre, les autres jusqu'au 25 octobre. A ces dates, les administrations et les agents précités devront, d'après les instructions actuelles, reprendre le payement direct de la totalité des revenus à la Caisse de la Dette. Cette derniere prescription part d'une bonne intention mais tout porte à croire qu'elle ne scra point réalisée rien ne fait espérer que la « situation exceptionnelle invoquée par le ministère pour justifier sa mesure aura pris fin dans un mois; tout fait prévoir, au contraire, que, prr la force des choses, le provisoire actuel se perpétuera jusqu'à devenir définitif. Le président du conseil a verbalement fait connaître, hier, ces décisions aux membres da la Caisse de la Dette publique présents au Caire, en même temps que tous leurs collègues en recevaient notification par une lettre motivée, qui invoque le déficit de 33,000 livres égyptiennes constaté à la fin d'octobre dans les finances khédivales. Les dispositions que nous venons d'analyser ont pour effet de suspendre l'amortissement de la Dette égyptienne prescrit par la loi de liquidation. Nous avons expliqué (voir le Tem~s des 3,6 et 7 mai) la substance et le fonctionnement de cet acte international; toutefois il n'est pas inutile d'en rappeler les dispositions essentielles pour apprécier la portée de la mesure prise par le gouvernement égyptien à l'évidente instigation de lord Northbrook. On sait que la loi dite « de liquidation ne s'est pas bornée à garantir le payement des intérêts de la Dette égyptienne, mais qu'elle a disposé de tous les revenus, quels qu'ils soient et puissent être. de l'Egypte, en affectant, sous certaines réserves spécifiées, leur totalité à l'amortissement de la dette après déduction d'une somme fixe destinée à pourvoir aux services publics. D'après les prescriptions de la loi du 17 juillet 1880, les revenus « affectés doivent être intégralement appliqués au service de cette Dette, après que les frais d'administration en auront été déduits quant aux revenus non affectés, le gouvernement est autorisé à prélever sur,eux une somme fixe de 4,897,888 livres égyptiennes-(127,445.058 francs) pour les besoins du budget, plus un tantième de 7 0/0 pour les frais de perception et de gestion mais tout l'excédent de ces diverses sommes doit accroître les ressources de l'amortissement. On voit par cet exposé que nous étions fondés à dire, récemment, que l'Egypte se trouve dans la situation d'un débiteur pourvu d'un concordat, c'est-à-dire que ses ressources, sans exception, présentes et futures, sont immobilisées par un contrat. En suspendant ou, ce qui revient au même, en supprimant l'amortissement, le gouvernement égyptien brise donc le pacte qu'il avait souscrit. L'argument invoqué par le président du conseil pour justifier cette violation est curieux il allègue que la suspension de l'amor tissement fut proposée à la conférence, sans être formellement repoussée par les plénipotentiaires. Cet argument se rétorque aisément. Il se peut que les puissances européennes eussent finalement consenti à une réduction ou à une suspension limitée de l'amortissement, mais elles n'eussent fait cette concession qu'en retour de garanties que l'Angleterre s'est obstinément refusée à leur accorder. Plus franc est lelangage du Standard, qui reconnaît, sans détours, que la mesure inspirée par le cabinet britannique au gouvernement khédival « viole le principe fondamental »...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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