Extrait du journal
qui, inévitablement, vont se poser. On se de mandera, tout d’abord, si toutes les économies réalisables ont été effectuées. Sur un ensemble de dépenses qui atteints milliards 448 millions,' une simple réduction de 10 0/0 donnerait près de 345 millions; qui ne connaît ce raisonne ment? L’exposé des motifs y a répondu par une analyse sommaire de ce total si formidable. Les dépenses irréductibles, de la dette exigent 1,497 millions ; la guerre et la marine absorbent 914 millions, abstraction faite des sommes qui . correspondent à des dettes de l’Etat ; les frais de recouvrement des impôts et revenus publics, malgré tant de traitements modiques dont on réclame de toutes parts le relèvement, ne dé passent pas 386 millions. De sorte qu’il reste, en tout et pour tout, 651 millions pour les services publics de la France. Comment s’étonner, devant cette situation, si les divers départements ministériels sollicitent des augmentations de crédits? Celles qui ont été soumises à M. Ribot n’étaient pas moindres de 99 millions. Il les a presque toutes. éliminées. Seulement, tout un ordre de préoccupations vient alors à l’esprit : combien de temps, si les dépenses actuelles sont reconnues incompressi bles, pourra-t-on résister aux accroissements qui nous menacent? Les dépenses écartées du projet de 1896 n’y entreront-elles pas, au .moins 'en partie, sous forme de crédits supplémen taires? Un double travail s’imposerait., ce sem ble : d’un côté, il y aurait à rechercher si, vrai ment, toutes les économies ont été faites; de Tautre, il conviendrait de voir si aucune sur prise désagréable n’est ménagée à ce budget. . Les prétentions des administrations de la ■ guerre et de la marine deviennent, tout le monde le reconnaît, inquiétantes. Viser à la fois la première place et sur terre et sur mer, c’est risquer de n’avoir qu’une armée et une marine également insuffisantes. Voici poindre, en dehors du budget-ordinaire de la marine, tout un budget extraordinaire pour lequel pas • un centime n’est prévu. L’exposé des motifs, qui a au moins le mérite de ne rien dissimuler, s'exprime, à ce, sujet, en ces termes-: « Nous nous trouverons dans la nécessité, pour nous tenir au niveau des progrès réalisés par les au tres nations, de vous soumettre prochainement un programme de travaux plus étendu que ce lui auquel est en mesure de faire face le bud get actuel du ministère de la marine... En vous le présentant, nous aurons en même temps à déterminer les ressources au moyen desquelles il devra y être pourvu. » Voilà qui est clair. Non seulement l’équilibre du budget de 1896 n’a pu être obtenu sans de nouveaux impôts, mais l’ère des budgets extraordinaires menace de se rouvrir. Le budget de 1896 n’a pu, dans ces conditions, comprendre aucun chapitre d’amortissement. Le vœu, depuis si longtemps exprimé par les Chambres, reste lettre morte. Des annuités existent, il est vrai, qui, par leur jeu automa tique, assurent l’extinction de certaines dettes. En 1896, il seraamorti ainsi une somme totale de 63 millions 1/2: On aurait tort, évidemment, de nier l’importance de cet effort. Mais on ne doit pas non plus oublier que l’exercice 1896 verra venir à échéance 77 millions d’obligations à court terme du Trésor pour lesquelles aucune dotation n’existe au budget ordinaire. Elles se ront renouvelées ou, plus exactement, rembour sées et remplacées par d’autres. L’opération s’accomplira sans doute facilement. Mais il est manifeste que des engagements de ce genre sont, en principe, mauvais, quand le budget or dinaire n’a pas de réserves pour y parer dans un délai déterminé. Les obligations à court terme ont rendu à l’Etat des services excellents et elles peuvent être l'objet de combinaisons in génieuses, mais c’est à la condition qu’elles s’a dossent à des ressources disponibles. Pour l’ins tant, des ressources de ce genre n’existent pas. ; En même temps que ces obligations restent en l’air — et il y en a en circulation pour une somme totale de 198 millions environ — on constate l’existence d’une dette flottante consi dérable. Elle montait, au l,r avril, à 1,300 mil lions. Les bons du Trésor émis atteignaient 355 millions 1/2, alors que leur maximum légal est de 400 millions. Notre trésorerie était donc, sinon embarrassée, au moins à l’étroit. Le pro cédé imaginé par M. Burdeaupour la dégager a commencé à fonctionner, mais, tandis que la Dette flottante est diminuée grâce aux verse ments successifs du prix de l’achat qu’a effectué au Trésor la Caisse des dépôts et consignations, elle s’accroît, en revanche, d’autre part, étant chargée d’une foule de payements qui la grè vent. M. Ribot en a fait l’énumération dans son exposé des motifs. Une consolidation pourrait donc devenir indispensable, et, au lieu d’une di minution de la Dette par l’amortissement, on s’acheminerait vers son augmentation par l’em prunt. ; ■ ’ On conçoit si des surtaxes peuvent, dès lors, sembler nécessaires. Ce n’est nullement dire qu’elles ne seront pas discutées ; elles le seront d’autant plus que de larges dégrèvements sont annoncés. On sé demandera si l’heure est bien choisie pour abandonner des recettes certaines, au moment où des ressources nouvelles doivent être obtenues. Les impôts auxquels M. Ribot va recourir seront, en outre, vivement critiqués»' La taxe sur les domestiques est accueillie plus que froidement. Passe encore pour la taxe sur les chiens ; mais celle qui est projetée sur les domestiques soulève bien des objections. Elle n’y avait pas résisté, l’an dernier, bien que liée à une combinaison qui en adoucissait lesangles. Ce qu’on peut en dire de mieux, c’est qu’elle promet 10 millions au budget. Le supplément...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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