Extrait du journal
<— Ma petite Douce, je t’en prie,' allez-y de main toutes deux en cueillir, de ce tilleul... j’ai tant envie d’en boire, et non de celui-là; qui sent le foin et la fumée; si j’en avais une tasse, il me semble que je reprendrais des forces. Alors Clorinde, qui sans bruit avait tourné autour du lit, inquiète de le quitter pour toute une journée : " — Il doit avoir passé fleur, le tilleul d’Anthéor, mon père. — Toi non plus, tu ne veux pas me contenter, Douce! Non, il ne doit pas avoir passé fleur, dans ce torrent qu’un courant nord-sud enfile, et qui est à l’ombre la moitié du jour. Allez-y, je t’en prie, ma petite Douce. Tu ne veux donc pas que je reprenne des forces? Il parlait douloureusement, et son visage dé charné avait un tel air de prière que Clorinde, émue de pitié, lui dit : —j Ne .vous, chagrinez pas, mon père.. Nous irons toutes deux demain, n’est-ce pas, Clorin de? ' Je savais bien que tu me contenterais, toi, ma Douce, fit le vieillard, attendri et calmé. Il ne .faut pas me contrarier, parce que mon heure approche d’embarquer une fois encore sur ma brave Volonté, pour sortir au large, voir la Belle! , Il allait s’affaiblissant, laissant de sa vie à (chaque journée; et si parfois, comme tout à l’heure, il avait, dans son esprit obscurci, l’il lusion de forces possibles à reconquérir, il re prenait ensuite, conscience de son état ; et sauns révolte, sans même de regret apparent, il se préparait à la mort, et avant la mort, à la jouis sance dernière d’aller au large, sur son tarquier à la voile joyeuse, et d’y respirer toute la mer, sa grande amoureuse, dont jamais il n’avait pu guérir. Excepté de Douce et de la mer, Roure ne se préoccupait presque plus jamais de rien, et c’est avec détachement qu’il parlait à Clorind'.’., aux petites, à Cambronne et à Dominique. Il était bien rare, maintenant, qu’il s’enquît du signal sémaphorique. Il demandait, seule ment : — Est-elle contente? Est-elle fâchée?Et elle, c’était toujours la mer. Mais parfois une idée fixe de malade assail • lait son esprit et il parlait à Clorinde avec une sorte de fièvre. Une fois, c’avait été pour qu’on lui appor tât dans son lit la foëne de la Volonté: et du...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - kuijper
- briand
- cochery
- cambronne
- descalzo
- ernest solvay
- adrien hébrard
- wind
- mayer
- seide
- dominique
- roure
- canada
- salonique
- allemagne
- bruxelles
- windsor
- angleterre
- tanger
- paris
- la république
- université de lille
- université de paris
- parlement
- cologne
- union
- université de nancy
- m. r.
- parti libéral
- université libre de bruxelles