Extrait du journal

Tout cela, bien entendu, est entrepris au nom de la protectitm nécessaire des minorités nationales, protection garantie par dès conventions et des accords auxquels la Société des nations a donné sa garantie. L'Allemagne se pose en championne des droits des minorités parce qu'elle trouve dans cette cause un prétexte facile pour entretenir l'agitation de ces minorités nationales contre les Etats dont elles dépendent. L'intérêt. qu'elle y a est évident ne pas laisser s'affaiblir, l'influence allemande dans les régions que le Reich a dû céder en Vertu du traité de paix de 1919, entretenir le malaise qui résulte des luttes intérieures déterminées par des oppositions de race, de culture et; de mentalité, se réserver un moyen indirect, .d'intervenir dans les affaires particulières dés pays avec lesquels elle ne désire' pas sincèrement. "• une réconciliation, contre lesquels' elle .poursuit la revision des traités. L'argument principal, qu'on croit de nature à impressionner l'opinion internationale, est l'obligation morale de défendre des minorités ne pouvant rien par elles-mêmes et qui ont pourtant la volonté de résister à toute politique d'assimilation. La ̃ préoccupation immédiate est de susciter à toute occasion des difficultés aux Etats voisins et d'essayer de les amener par là à envisager une éventuelle revision des traités. Le véritable but est de servir, de développer, de fortifier au plus haut point le « Deutschtum », base de toute puissance allemande en Europe et dans le monde. La thèse est que là où il y a une minorité allemande, celle-ci constitue un élément autonome dans l'Etat, une force allemande dont le Reich en Jàucun cas ne saurait se désintéresser. Cette politique crée des risques graves pour la paix générale. Elle n'est pas moins dangereuse que celle tendant à la révision des traités et au désarmement général. Les trois campagnes sont parallèles; elles se complètent l'une l'autre, elles procèdent d'un même esprit et d'une même doctrine. Mieux que tous les discours, elles caractérisent la politique extérieure du Reich, telle qu'on la voit se développer depuis quelques mois sous la pression des groupements nationalistes. Nous avons déjà fait ressortir à cette place en d'autres circonstances ce qu'il y a de singulier à voir l'Allemagne dans ce rôle nouveau de protectrice des minorités nationales, alors que toute l'histoire de l'empire allemand dément la sincérité et la générosité des sentiments que Berlin affecte d'éprouver pour les populations prétendument opprimées. Il n'y a pas de puissance au monde qui se montra plus impitoyable, plus implacable. pour les minorités nationales résistant à l'assimilation que l'Allemagne impériale. Celle-ci ne voulut jamais connaître que les méthodes d'oppression par la force la plus brutale à l'égard des minorités ethniques et linguistiques vivant sur son territoire et qu'elle avait arrachées par la violence à la véritable patrie de leur race. L'oppression des Danois du Sleswig, la persécution pendant quarantequatre ans de tous ceux qui en Alsace et en Lorraine manifestaient quelque attachement pour la France et la culture française, le refoulement méthodique des populations polonaises des marches de l'Est conquises sur elles, ce sont des choses d'hier que le monde civilisé, malgré la coupure nette de l'Histoire déterminée par la grande guerre, n'a pu encore oublier. La colonisation prussienne des régions de l'Est par une politique systématique de dépossession des Polonais fut une expérience sans précédent dans les temps modernes. Il est bien naturel, après cela, que l'on éprouve des doutes sérieux en ce qui concerne la sincérité du zèle avec lequel l'Allemagne prend aujourd'hui la défense des minorités nationales....