Extrait du journal

sieur le marquis, des soldats français, c’est-à-dire de braves gens ! Solignac s’imposait de ne point se fâ cher du mot qu’avait cherché le marquis, mais le vieillard fut assez mécontent de ces mots : braves gens ! — Va-t-il donc, se dit-il, m’appeler mon brave homme ? — Eh bien, monsieur le marquis, reprit le colonel, pour parler franc, j’aime... et de toute la force du dévouement le plus ardent et le plus respectueux..., Mme la comtesse de Farges, votre petite-fille. — Oui-da! fit le marquis. Et alors? — J’ai l’honneur de vous demander sa main, monsieur le marquis. — La main de ma petite-fille ? — Oui, monsieur le marquis. M. de Navailles prit dans sa tabatière une prise de tabac, s’essuya le nez et dit avec un sourire à la fois aimable et iro nique : — Voyons, mons..., voyons, colonel, vous m’avez demandé de parler net... Je vais me permettre, moi, d’être... eh! mon Dieu, oui, quasi-brutal. Mais nous som mes ici pour nous entendre, n’est-ce pas? et je vous prie d’oublier d’avance ce que je pourrai vous dire. Solignac ne répondit point. Il était in quiet et prévoyait un réel danger, l’obsta cle dont Louise de Farges avait parlé. Le vieillard attendit un moment. Il re garda ensuite le beau colonel des pieds à la tête et lui dit, de ce ton spécial aux gens bien nés du dix-huitième siècle, qui rendait même la politesse impolie et donnait à la fois du piquant et presque...