Extrait du journal

Pendant que les notes des trois puissances cheminent vers Saint-Pétersbourg, le Journal des Débats reçoit de Vienne des informations où l'on remarque un scepticisme tout à fait décidé au sujet des résultats de cette démarche. Les correspondants du Journal des Débats découvrent dans la marche adoptée une cause de longueurs interminables et de grandes probabilités d'avortement. D'après ce qu'ils écrivent, on professerait à Vienne « que la Pologne et les Polonais n'ont dans toute l'Europe qu'un ami sincère et désintéressé, qui les aime pour eux-mêmes et qui voudrait les savoir honorés et heureux; assez puissant lui-même pour se faire écouter quand il plaide leur eause, assez juste pour apprécier exactement la mesure de leurs droits légitimes, assez clairvoyant pour poser d'une main sûre les termes d'une transaction équitable et durable; cet ami, c'est la France. Alors, quoi de plus simple qu'une entente entre la France et la Russie pour en finir une bonne fois des malheurs de-la Pologne ? Les deux souverains sont animés certainement des mêmes désirs; ils pensent de même sur beaucoup de points; ils s inspirent la même confiance; s'ils se communiquaient leurs idées, n'avanceraient-ils pas plus en quelques heures et avec quelques lignes la solution de la question polonaise que ne feront en des années tous les cabinets et tous les diplomates réunis ? Et d'autant mieux que la tâche serait rendue plu> facile, précisément par les intérêts qui poussent l'une vers l'autre la Russie et la France, et par les liens sympathiques qui unissrnt déjà les deux souverains. Comme on discuterait avec une franche cordialité les conditions du futur arrangement, il est probable qu'on ne.tarderait pas à s'entendre. »...