Extrait du journal

Le président du conseil. — La ville de Narbonne, . jusqu'à hier soir sept heures et demie, paraissait tram quille ; le sous-préfet, interrogé par moi, me signalait des curieux dans les rues, quelques attroupements, une certaine animation dans les cafés, — ce qui n’était _ pas bien surprenant; rien de plus. A sept heures et demie une bande de manifestants s'est portée sur la sous-préfectüre qu'elle a attaquée da deux côtés à la fois : par le jardin, et par la couf d’honneur. A la même heure, au même moment, une manifesta tion identique se produisait à Montpellier : la palais da . justice et la prison- de. Montpellier étaient attaqués d® la même façon. On jetait des pierres, on insultait lés gendarmes, et bientôt on allait tirer des coups de re* volver sur la gendarmerie. En attendant, on enduisait la porte de pétrole et on y mettait le feu. A la môme heure, au même moment, on enduisr.it de pétrole la porte du palais de justice de Montpellier et on y. mettait le feu. La question qui se pose devant le gouvernement est celle-ci : Pouvez-vous lui demander de ne pas défendra le3 édifices nationaux où siègent les pouvoirs, lorsque ces édifices sont attaqués par des émeutiersT (Très bien ! très bien 1 sur divers bancs. — Interruptions à l’extrême gauche. — Exclamations à droite.) A droite. — Ce n’est pas la que'stion. (Bruit.) Le président du conseil. — Messieurs, je vous avais annoncé que je mettrais en mouvement la force armée pour l’exécution de mandats de justice. Je serais sur pris que quelques-uns d’entre vous aient pu croire que •si la sous-préfecture de Narbonne, le palais de justice et la prison de Montpellier étaient attaqués, je n’eusse pas la pensée de les défendre. J’avais cette pensée, et à l’heure où je parle je con tinuerai à les défendre et je le ferai jusqu’à ce que vous m’ayez chassé du poste que j’occupe place Beau vau. (Applaudissements au centre et à gauche,) M. Emmanuel Brousse. — Vous voulez protéger aujourd’hui les monuments publics après les avoir fait pavoiser en l'honneur des manifestants. (Bruit.) Le président du conseil. — Et comment ai-je dé fendu les édifices publics? Ou plutôt comment lei agents et comment les chefs militaires les ont-ils dé...