Extrait du journal
môme de l’empire, en un mot, à précipi ter notre malheureuse France dans une épreuve qui ne le cède point en gravité à celles où nous avons laissé naguère tant de lambeaux de nous-mêmes ! Et encore si ce n’eût été que pour un moment, le temps de préparer les élections; mais non, la crise ainsi ouverte, on nous menace de la faire durer, on nous prévient que nous sommes voués à perpétuité au con flit, aux agitations politiques, aux périls du dehors et du dedans, à moins que nous ne renoncions à nos vues pour celles du gouvernement. On ose nous enfermer dans le dilemme : obéissez ou souffrez ; conformez-vous aux désirs du chef de l’Etat ou attendez-vous à voir l’autorité tout arrêter, tout entraver; abdiquez entre les mains de vos gouvernants ou sachez que la chose publique en pâtira. Langage inouï, paroles dont il est impossible que celui sur les lèvres duquel on les a mises en ait compris la portée, mais paroles qui n’en sont pas moins là, noir sur blanc, pour l’étonnement du monde ! Et tout cela, nous le répétons et nous le répéterons sans cesse, tout cela sans pro vocation, sans occasion, sans raison, si bien qu’il a fallu trouver un prétexte et qu’on est arrivé à cette prodigieuse inven tion du péril latent. Un grand pays est ar rêté dans son développement, troublé dans sa tranquillité, ébranlé jusqu’en ses pro fondeurs, pour parer, non pas à un danger visible, mais à un danger invisible, non pas à des faits, mais à des tendances! Jamais la sophistique n’avait inventé quel que chose de plus audacieux ! Comment, en présence de ces ma nières de faire, ne pas soupçonner que c’est la prospérité même dont le pays jouissait sous ses récentes institutions qui a suscité le nouvel effort de la réaction. La république était fondée, elle donnait la sécurité à la nation, la France s’y accoutumait : eh bien, non, cela ne pouvait continuer ; il fallait interrompre à tout prix la prescription qui s’élevait peu à peu contre les dynasties déchues. Les mo narchistes devaient-ils permettre que la France fût paisible et heureuse sous un régime républicain ? Quel démenti n’eûtce pas été pour leurs principes. Quel échec pour les saines doctrines. Quel af front pour la Providence. Evidemment il importait d’y mettre ordre ; on l’a mis, et nous savons comment. Mais ce dessein, qu’un écrivain modéré est embarrassé pour qualifier, ne peut manquer de tourner contre ses auteurs. Ceux qui l’ont conçu n’ont pas vu le désa vantage de la position qu’ils étaient obligés de prendre. Le manifeste eontre-signé par M. de Fourtou est une déclaration de guerre, et d’une guerre injuste et injusti fiable. C’est le gouvernement qui entre en campagne, tout à coup, sans dire pour quoi, ou, ce qui est pis encore, en donnant des raisons qui ne sont que des prétextes. Ce gouvernement prend ainsi l’offensive; c’est lui qui entame les hostilités, et c’est lui, nous l’en prévenons, qui, devant le pays, supportera la réprobation qui s’at tache partout au rôle de perturbateur de la paix publique. 4 Le maréchal a terminé son manifeste par ce curieux aperçu de la politique qu’il croirait pouvoir suivre si la France répu blicaine élisait des républicains : « Je resterai pour défendre, avec l'appui » du Sénat, les intérêts conservateurs, et » pour protéger énergiquement les fonc-...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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