Extrait du journal

L'ordre du jour du Sénat était fort peu chargé et ne présageait à la haute Assemblée qu'une séance des plus calmes, quand l'intervention inattendue de~ M. de Gavardie est venue jeter de l'animation dans les débats. Beaucoup de sénateurs avaient oublié à coup sûr qu'ils avaient renvoyé naguère à un mois une interpellation de l'honorable représentant des Landes « sur certaines nominations de magistrats condamnés à des peines infamantes »; le délai est expiré et M. de Gavardie venait rappeler hier cette échéance^ sescollègues. Malheureusement pour l'interpellateur, ni le garde des sceaux, ni le sous-secrétaire d'Etat à la justice, qualifiés pour lui répondre, ne siégeaient hier au banc du gouvernement ne trouvant donc à qui parler, M. de Gavardie a exhalé sa mauvaise humeur dans des termes étrangers au langage parlementaire, qui lui ont attiré les sévérités du règlement. Le Sénat, toutefois, a usé d'indulgence envers le bouillant orateur; considérant sans doute que le délai fixé à son interpellation avait soumis sa patience à une épreuve suffisamment prolongée, il a écarté un second ajournement, qui était proposé, et a fixé à jeudi la discussion de l'interpellation. La conversion n'est pas encore venue en discussion à la Chambre des députés, le rapport, impatiemment attendu, n'ayant pas été déposé hier. La Chambre s'est dédommagée en discutant l'interpellation de M. Fauré (du Gers) sur les troubles du lycée Louis-leGrand. M. Fauré avait donné un tour assez dramatique à son exposé, que les interruptions de quelques membres de l'opposition ont émaillé de réflexions plus pittoresques que sérieuses. Mais la Chambre a jugé, avec" M. Jules Ferry, qu'il n'y avait pas lieu d'infliger un blâme au fonctionnaire de l'Université mis en cause, et, sur une brève réplique du ministre, elle a prononcé l'ordre du jour pur et simple....