Extrait du journal
che libre qui ne s’arrête à nulle clôture, des dogmes, des conventions sociales, du monde vi sible. Ils avaient perdu pied de jour en jour, en traînés par les sirènes de l’absolu. Olivier fit venir ses bagages, des caisses très lourdes qui intriguèrent M. Siffre. Elles étaient pleines de livres. — Nous ne pourrons plus, dit le père, louer celte maison l’été. Ce serait une histoire de dé ménager ta bibliothèque; et cependant il ne se passait guère d’année, sans qu’il m’arrivât quel que bonne occasion. — Tu as bien assez de villas ! répondit le fils, avec une froide indifférence. Le grand M. Siffre haussa les épaules. Sa crainte, l’événement la justifia. Au long de l’automne, qui fut fort beau à Clairville, il n’eut point de peine à s’assurer que son fils, au lieu de s’échafauder.de ses diplômes, se perdait à plaisir dans l’esprit des gens « comme il faut ». Cette trahison — il l’appelait ainsi — l’ir ritait. Certes, pensait-il, qu’Olivier se montrât fier de la richesse paternelle, rien de mieux! Mais pourquoi s’enfermer, avec les personnes de leur classe, dans un mutisme injurieux, hé rissé? Qu’il continuât ses travaux, on n’y trou vait rien à redire; mais quel besoin de parler à haute voix, le long des avenues désertes, pour s’arrêter brusquement et griffonner des lignes sur des chiffons de papier? Et si vraiment on ne pouvait Je forcer à porter, dans ses rares appari‘ioms au village, chapeau de soie et redingote» il était regrettable qu’il ait choisi comme tenue des vestons, des cravates flottantes et un feutre noir d’anarchiste. . M. Siffre soupçonna dès lors Oliviër d’être une manière de poète ou de philosophe, décou verte qui le stupéfia, car il n’imaginait point qu’une blanchisseuse pût donner le jour a un poète. . Ce fut ainsi qu’au lieu de le retenir chez lui la présence de son fils l’éloigna aussitôt. Heurté sans trêve, rebuté de discuter avec un tel compteur d’étoiles, M. Siffre le laissait à ses livres, s’en allait oublier sa déception dans le château sur lequel il avait hypothèque. . Depuis sa première visite, il y fréquentait tous les jours. Il avait fait couper le bois mort. Il se mit à rafraîchir de sa main les peintures fanées des vieilles boiseries. Comme aux ToitsRoutes, il envoyait à la Chesnaie-du-Haut son fumiste, son plombier; entre les villas et le château. l’intervalle était si petit!...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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