Extrait du journal
Le projet de budget de 1929 dont nous avons publié hier l’exposé des motifs et indiqué la structure mérite d’être étudié à loisir dans son ensemble et dans ses parties. Sur divers points en effet, particulièrement importants, il diffère du budget de 1928, et on sera frappé, en premier lieu, par cet accroissement de dé penses, d’environ quatre milliards qui le ca ractérise. Gomment cet accroissement est-il compensé ? Et ces méthodes de compensation sont-elles heureuses ? C’est là ce que nous examinerons ultérieurement Mais, dès le premier coup d’œil, on arrive à cette réflexion assez mélancolique .que le budget de 1929 sera, dans ses grandes lignes, pareil aux précédents, en ce sens qu’aucune réforme profonde, qu’aucun allégement mas sif des charges de l’Etat ne sont envisagés. Certes un immense progrès est accompli sur les budgets de l’après-guerre et notamment sur les budgets eartellistes déchiquetés par la démagogie. L’ordre, l'équilibre, sont revenus. Et il serait injuste de ne pas reconnaître que ces avantages sont dus a de méritoires efforts. Nous les devons, nul ne le conteste, à cette politique d’union nationale, à ce gouvernement placé au-dessus des partis, sous la direction du grand homme d'Etat dont on célébrait lundi le 68° anniversaire. M. Raymond Poincaré, en débroussaillant la forêt financière, en donnant au pays la sensation de la sécurité par la res tauration de la confiance, seule méthode capa ble de maintenir le crédit public, aura, une fois de plus, bien mérité de la République.^ Mais, en laissant de côté les considérations d’ordre technique, on ne peut s’empêcher de noter que le projet de budget de 1929 maintient tous les poids lourds qui finissent, par paralyser l’Etat. Nous n’en sommes pas encore, malheu reusement, au stade qu’il faudrait atteindre, ce lui de la désétatisation de la République que souhaitent tant de bons esprits et qui nous délivrera des routines et des piétinements. Ce sont là des considérations à lointaine échéance. Pour aujourd’hui, ce qui importe, c’est de ne pas retomber dans les dissensions démagogiques, qui, naguère, nous ont valu l’ef froyable désordre financier auquel l’union na tionale a porté remède. En premier lieu, il est essentiel que le budget soit voté avant le 31 dé cembre, suivant la règle que M. Raymond Poincaré a heureusement rétablie. Mais cette nécessité primordiale n’implique pas une dé faillance du contrôle parlementaire. L’examen et le vote du budget, devoir primordial du Par lement, devront .être poursuivis sans trouble, sans obstruction, comme sans hâte fébrile. Il conviendra que l’on renonce dès lors à ces débats vains qui s’écartent de la route, à cette école buissonnière où les partis d’opposition sociale cherchent à entraîner la Chambre, à ces rivalités des groupes/à cette ambition d’élo quence imprécise qui alourdissent trop souvent le vote du budget. C’est dire qu’uiie méthbde de travail stricte et large à la fois devra être adoptée. Mais c’est dire aussi qu’une majorité stable et ferme d’union républicaine devra se découvrir et rester fidèle à elle-même. On polémiquait récemment encore sur l’utilité de cette union nationale qui a rétabli l’ordre financier, mais qui devrait, aux dires de certains, disparaître. Il faudrait, à les en tendre, considérer la stabilisation monétaire comme une fin, comme un achèvement de l’œuvre entreprise. Mais le projet de budget même qui est maintenant sous nos yeux leur apporte le plus formel, le plus implacable démenti. Il est évident que la stabilisation légale n’est pas une fin, mais un commencecement. Le retour des querelles passées, la dislocation des partis et des groupes d’union nationale lui seraient mortels. Quelques-uns rêvent d’élargir cette union, de l’étendre vers la gauche jusqu’aux socia,-Mstos qui- n’en. veuienLpas, - qui. la - repoussent...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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