Extrait du journal

LA REVENANTE Le conflit latent que les récents événements ont provoqué dans le cabinet, et que M. Gaston Doumergue arbitrera la semaine prochaine, vient de réveiller en France le souvenir, assoupi sinon aboli depuis l’avènement d’une majôrité de trêve, de la politique et de ses jeux délétères. Sans doute, l’accès de , fièvre qui vient de secouer et secoue encore le personnel parlementaire et gouvernemental n’a pas af fecté les couches profondes du pays, dont l’équilibre moral demeure intact grâce surtout à la confiance générale qu’inspire le président du conseil. L’opinion , n’en est pas moins mise à même de constater les dangers d’un retour offensif de la politique, ennemie jurée de cette union nationale qui risque de perdre toute sa vertu dès que le moindre vent dè discorde vient en troubler la surface. N’est-on pas ici eu présence de ce qije les hommes dé laboratoire appellent' une contreépreuve ? En régime de trêve véritable, les affaires du pays tendaient à s’arranger, — non point d’elles-mêmes, ni par miracle, mais par la vertu d’une formation politique génératrice de confiance. La politique est revenue, et tout, en un instant, a pu sembler compromis. Dès que le nuage sera passé, on verra tout rentrer dans l’ordre; il aura suffi que l’intruse.s’éloigne pour que la paix revienne dans la maison, pour que le gouvernement unioniste puisse conti nuer à mener a bien sa tâche de salut. Ce n’est donc pas par manie des oppositions simplistes qu’on dénonce dans la politique dès partis le plus grand obstacle au relèvement national. L’évidence montre qu’il faut prendre cette formule au pied de la lettre. Ou bien les manœuvres de la politique cesseront, comme elles avaient cessé depuis le mois de février dernier, et la solution favorable des grands problèmes à l’ordre du jour peut être attendue et escomptée comme une certitude. Ou bien ces manœuvres continueront, et alors il serait vain de se dissimuler que l’œuvre présentement en si bonne voie est vouée à un retentissant échec. N’y a-t-il pas là- une raison de plus de déplorer l’influence néfaste de la commission d’enquête, qui par sa seule existence, et en tout cas du fait de sa permanence en cette période de vacances, a entretenu et entretient 'encore un milieu favorable-aux évolutions du virus politique, un bouillon de culture idéal ;pour les germes pathogènes issus -de la- fer mentation des partis ? Lors de l’institution de cette commission, on pouvait parler d’abcès de fixation; on pouvait espérer que l’opinion pu blique trouverait, dans une enquête parlemen taire bien conçue et bien conduite, certaines satisfactions qu’elle exigeait impérieusement. Cette enquête devait, en principe, être menée contre la politique. Elle a servi tout au con traire, hélas ! à faire de la politique; elle a entretenu l’agitation au lieu de contribuer à l’apaisement. Elle avait pu paraître, un mo ment, indiquée; elle se heurte maintenant à une contre-indication très nette. On attend d’elle — sans trop y compter — qu’elle fasse, et fasse vite, toute la lumière sur les redouta bles mystères dont elle a présentement à con naître, et laisse ensuite, au moins pour un temps, le pays respirer en paix. Sans rien exagérer ni prendre au tragique, on peut écrire qu’on se trouve, en France, dans la .chambrg d’une malade. La convalescence...