Extrait du journal
humaines, mais cependant participant de l’hu manité. De la voir toujours en deuil, si petit qu’il se souvînt d’avoir été, il en avait conservé, nonpas un effroi, non pas une tristesse, mais un redou blement d’adoration. Pour lui, elle symbolisait la fidélité inébran lable au souvenir; la piété du deuil perpétuel que rien ne devra faire cesser ; elle devenait comme l’au-tel pieux élevé à la mémoire de son père, de ce père qu’il n’avait pas connu, un autel vivant, animé, sans cesse présent, un autel qui baignait son dévot de son ombre sacrée, de sa protection toujours vigilante, de son secours de tous les instants. Fallait-il que ce père eût été admirable pour mériter de la part de cette sainte une pa reille immortalisation du souvenir! Il en reversait sur sa mère une affection plus grande, une sorte de tendresse double, envelop pant en elle les deux êtres qui lui avaient donné le jour et dont un seul restait les représentant tous deux. Ce père inconnu, que ses souvenirs d’enfance ne pouvaient lui rappeler, car il était trop jeune quand il l’avait perdu, il lui semblait le retrou ver dans le noir immuable "dp ce vêtement en fermant toujours la veuve, ainsi éternellement drapée du souvenir tangible, presque de la forme matérialisée, de l’embrassement perpétué du mari. Il lui avaitune reconnaissance infinie de s’être gardée tout entière pour lui, son fils, sans ja mais interposer personne, aucune ombre entre lui et l'image, la pensée de son père. Si jeune, si belle, elle eût pu comme tant d’au tres se remarier ; elle ne l’avait pas fait. Son fils sentait tout le prix, tout le dévoue ment de cette vie consacrée entière à lui, l’en fant, avec le sacrifice des joies, des plaisirs, des bonheurs qu’elle aurait pu goûter encore, avec le renoncement à la jouissance triomphante de cette beauté, que d’autres eussent adorée, choyée et qu’elle lui avait donnée à lui seul, son fils ! Puis la jeunesse avait passé, et le deuil avait continué par delà les années, éternisant le sou venir, éternisant la séparation. , Jamais le jeune homme n’avait vu sa mère porter autre chose que des vêtements de deuil et, il on avait naturellement conclu à l’immen sité du regret laissé dans le cœur de la veuve par la perte du mari, à la haute valeur de son père. ' La confirmation lui en était, du reste, venue de différents côtés. Autour de lui , ceux qui avaient du le connaître, bien rares, car les an-...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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