Extrait du journal

Le gardien disparu, ils se pressèrent de nou veau l’un contre l’autre. — Alors, conclut René, vous ne m’abandon nerez jamais? — Jamais. Pourquoi cette question? — Parce que: je crains les autres, tout le monde. Tant de gens sont intéressés à entra ver notre amour. D’abord votre mari... puis le P; de Verville. — Il y a longtemps que je n’ai pas vu le Père. Quant à l’autre, j’espère bien qa’il ne sera pas longtemps mon mari. C’était là, sans doute, que René voulait en venir, car il reprit vivement : — Vrai, vous y penseriez toujours, à le quit ter; pour être un jour à moi, à moi seul, à moi qui vous aime tant! -Il passait la main sur son front, et d’une voix qui essayait d’être désespérée : — Oh! ce serait trop beau. C’est impossible... Je ne peux croire un tel bonheur réalisable... C’est dans les contes seulement que les reines épousent les bergers... Je veux bien admettre que vous; m’aimez un peu, mais pas jusque-là. — Vous verrez, vous; verrez, mon mignon. Il avait pris cette habitude avec elle de pa raître douter qu’elle eût du courage. A rebours des autres, qui gagnent leurs victoires amou reuses par l’audace, il remportait les siennes en provoquant l’audace de la baronne. Cette entrevue lui donna un peu de tranquil lité. II s’effraya moins de ce que Blanche pour rait lui dire. Quand i! se présenta, le dimanche suivant, chez les d’Amfrye, Blanche était seule. Elle parut très gaie, s’étant résolue à faire la com mission du P. de Verville le plus joyeusement possible, sans y ajouter de commentaires. —- J’ai vu votre oncle, dit-elle, et c’est lui qui m’a priée de vous parler. Je ne vous ai pas trop dérangé? — Non, pas du fout... Je serais venu môme sans votre lettre» bégaya René....