Extrait du journal

Les motions sur la Pologne, qui devaient être discutées hier soir à la Chambre des communes, ont eu un sort bizarre, etquisemblemontrer que, pour une raison ou pour une autre, et en dépit des sympathies déclarées de l'opinion publique pour la Pologne, l'Angleterre officielle recule devant l'éventualité d'une guerre avec la Russie. Après divers incidents et après un discours de lord Palmerston et un autre discours de M. Disraeli, dont le télégraphe nous apporte le résumé, la Chambre, manifestement embarrassée, a ajourné le débat jusqu'à la réception de la réponse du cabinet russe aux notes des trois puissances. Dans tous les journaux, excepté dans le Daily-News, on voit éga-lèment percer l'idée que l'Angleterre n'entend pas dépasser la sphère de l'action diplomatique. Mais alors, on ne comprend même pas qu'elle soit allée jusque-là. Dans des questions de ce genre, la diplomatie doit négocier la main sur la garde de l'épée, ou ne pas se mettre en campagne. Sur ce point, nous sommes entièrement de l'avis du Constitutionnel, qui publie ce matin un article d'un caractère assez belliqueux, .et où l'Angleterre estassezvivementprise à partie. Nous allons même plus loin que le Constitutionnel, et nous disons que, s'il est vrai que la question polonaise soit une question européenne, il n'en résulte pourtant pas qu'elle doive être tranchée par la diplomatie ou par les armes réunies de l'Europe entière. On pourrait conclure de l'article du Constitutionnel que, l'Angleterre s'arrêtant à moitié chemin,la France et l'Autriche s'arrêteront aussi. Cette politique aboutirait exactement au même résultat négatif que celle dont le Constitutionnel fait à juste titre un reproche à l'Angleterre. On peut lui dire ce qu'il dit auxjournauxanglais « Un tel b aveu, fait d'avance, ne peut que désar» mer l'action diplomatique elle-même. » Kous commençons à recevoir les appréciations des journaux autrichiens sur le discours du trône, par lequel s'est ouvert la seconde session du Reichsrath. On le trouve très satisfaisant dans ce qu'il dit de la politique intérieure, notamment de la situation financière et des réformes projetées dans l'administration de la justice mais on critique le silence absolu qu'il garde sur la question polonaise. On soupçonne à Vienne M. de Rechberg de vouloir soustraire cette question aux délibérations de la représentation natio-...