Extrait du journal
Le grand débat politique qui se déroule cet après-midi à là Chambre pose dans toute son ampleur la question de savoir si nos institu tions libérales à base de suffrage universel seront maintenues dans leur esprit, ou s’il est entendu qu’en pratique elles sont d’ares et déjà remplacées par la dictature du prolétariat. Quel* que soit». ,en effet», l’qspegt sous Jequel oti': l’envisage, la situation" créée par la tragique collision de Clichy accuse un conflit entré' deux conceptions irréductibles; celle qui est favorable au maintien des libertés publiques et de l’ordre républicain, celle qui tend à leur subversion. Si l’on remonte à l’origine des’ événementsqui ont déchaîné l’émeute extrémiste contre la police, on constate que la liberté de réunion est en jeu. Un parti qu’aucune décision de justice n’a déclaré illégal ayant organisé une réunion privée que l’administration n’avait point interdite, la municipalité socialiste de Clichy et le parti communiste ont provoqué une manifestation qui ne tendait à rien de' moins qu’à empêcher cette réunion ' d’avoir lieu. Si, cet après-midi, la Chambre donnait tort à la police pour avoir tenté. d’assurer à des citoyens le droit d’assister librement à une séance cinématographique, il serait désormais entendu que la faculté de se réunir à leur convenance est refusée à certaines catégories de Français du seul fait que les extrémistes en auraient ainsi décidé. En réalité le droit de réunion se trouverait annihilé, en même temps que toute existence légale serait déniée aux partis non adhérents au Front populaire. La plus - importante des conquêtes réalisées par la démocratie se- trouverait ainsi effacée aù profit de l'absolutisme marxiste. ; part, lé sapglant;.êpiSQde; dè; Ciichyî a été suivi d’ünè grève üéclerifehèe en manière ' de protestation par les organisations syndi cales en liaison avec les deux Internationales. Cette grève —» et là-dessus aucune contestation n’est possible" -— a été doublement illégale, tout d’abord parce qu’elle a été déclarée, avec un parfait cynisme, en violation de la procé dure prévue par la récente loi sur la concilia tion et l’arbitrage, ensuite parce qu’elle a pré senté un caractère exclusivement politique sans référence à aucune revendication d’ordre professionnel. : En réalité, les syndicalistes ex trémistes se sont livrés, en'la circonstance, à un acte d’arbitraire, à une voie de fait pure et simple ; ils ont délibérément foulé la légalité aux, pieds à la fois pour assurer leur prestige et faire étalage de leur puissance; ils se sont conduits en dictateurs qu’aucune entrave ne retient et qu’aucun droit n’embarrasse. Il s’agit de savoir si les pouvoirs publics se prêteront à ces caprices néroniens des dirigeants d’une « - classe » désormais privilégiée. Au surplus, — et ceci est un troisième aspect du conflit dont le débat d’aujourd’hui va per mettre . de mesurer la portée — il se trouve que, non contente de prétendre disposer à son gré de l’arme de lagrève politique; la Confé dération. générale du travail, entend, dé sur croît, imposer sa dictature, à la classe ouvrière elle-même-, en se faisant-‘investir du droit d’accorder ou de refuser aux ouvriers l’accès dés chantiers ou des usines iselon qu’ils ont telle ou telle conception du syndicalisme. Ce qui est ici-en question,'ce n’est même plus une liberté publique, c’est, la plus fondamentale et la plus sacrée des libertés tout court, des liber tés humaines, car c’est celle qui garantit à tous l’exercice du droit au travail. Le syndicalisme marxiste, positivement ivre d’arbitraire et grisé par son omnipotence, veut empêcher les jouvriers non conformistes de travailler. et par conséquent de . vivre en faisant vivre leur famille. Va-t-on l’investir de. ce droit de vie ou de mort ? Enfin, si, comme tous les républicains sont d’accord pour le penser, il n’est point dé-liberté sans ordre, comment pourrait-on contester le caractère exorbitant des exigences de l’extré misme qui se flatte d’obtenir du gouvernement des sanctions contre la police coupable d’avoir^ à Clichy, défendu l’ordre contre l’émeute ? Si, pour s’être opposés non sans courage, et au péril de leur vie, à ce que fussent molestées les familles convoquées à la soirée récréative du parti social français, certains chefs de la police parisienne étaient frappés, les agita teurs illégalistes deviendraient officiellement les maîtres de la rue ; en réalité il n’y aurait plus de police, l’émeute aurait le champ libre et dicterait ses volontés. Ce qui est en question cet après-midi, c’est donc bien la liberté démocratique et l’ordre qui en est la garantie. La Chambre va dire si, décidément,., la dictature du prolétariat déjà,' hélas ! inscrite à bien des égards dans les faits, doit être désormais considérée comme un régime de droit. Qu’on y prenne garde ; en cette matière, toute concession sur les princi pes équivaut à un abandon sans retour. La France a mis près d’un siècle à conquérir définitivement ses libertés, mais il lui suffirait d’un moment pour les perdre. Se trouvera-t-il de véritables républicains pour souscrire en bloc au triomphe de l’absolutisme qu’ils ont combattu toute leur vie, contre lequel leurs pères avaient lutté avant eux ? Ceux qui seraient tentés de chercher un refuge com mode dans l’ordre du jour hybride et « ba lancé » qui ne manquera pas d’être présenté par les officieux du Front populaire, feront bien de se dire qu’un ordre du jour ne résout rien, qu’il ne suffit pas de fermer les yeux pour empêcher les chqses d’être ce qu’elles sont et l’événement de s'accomplir-...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - mussolini
- eden
- ramadier
- dom pérignon
- anthony eden
- ernest bevin
- adrien hébrard
- henderson
- pierre benoit
- jequel
- espagne
- rome
- londres
- italie
- france
- belgique
- angleterre
- guadalajara
- bruxelles
- burgos
- foreign office
- trades union congress
- société des gens de lettres
- sénat
- mouvement travailliste
- chambre des communes
- havas
- parlement
- ambassade de belgique
- parti communiste