Extrait du journal
C'est une chose curieuse que l'importance donnée aux questions de politique étrangère par le nouveau gouvernement anglais. On supposait que l'extérieur était ce qui le préoccupait le moins, qu'il serait assez embarrassé de sa conduite" dans des affaires pour lesquelles le parti libéral a toujours montré peu de goût et d'aptitude, .et il se trouve, au contraire, que son activité se concentre aujourd'hui tout entière sur ce point. A peine formé, le cabinet envoie un ambassadeur extraordinaire à Constantinople à peine en possession de ses bureaux, dans Downing street, lord Granville dépêche une circulaire aux puissances; c'est l'exécution du traité de Berlin qui occupe la place d'honneur dans le discours de la couronne à l'ouverture de la session, et c'est sur la politique ministérielle à l'égard de la Turquie que se livre la bataille dans la discussion de l'adresse. L'explication de cette anomalie apparente n'est pas d'ailleurs bien difficile à trouver. La brièveté de la session parlementaire oblige M. Gladstone à ajourner à l'année prochaine les grandes mesures de réforme intérieure, et, quant à l'Orient, le nouveau ministre était à la fois obligé de faire quelque chose sous peine d'être accusé d'impuissance, et de faire quelque chose de nouveau s'il ne voulait avoir l'air de continuer une politique qu'il avait si amèrement critiquée. Ajoutons que le parti- libéral, et M. Gladstone en particulier, n'avaient pas été, dans le cours des deux ou trois dernières années, sans formuler quelques idées sur la manière dont la question turque leur paraissait devoir être résolue. A la lutte engagée par lord Beaconsfield contre la Russie, ils avaient parlé de substituer une action commune de l'Europe. Aux prétentions diverses qui se disputaient l'influence à Constantinople et la 'succession éventuelle du sultan, ils avaient opposé les droits des nationalités indigènes, la formation d'Etats chrétiens indépendants. Tout cela était nécessairement assez vague, assez mal étudié, un thème d'opposition plutôt qu'un programme sérieux de conduite; mais enfin on était arrivé au pouvoir, il fallait agir, il fallait même frapper un grand coup, puisque l'attente publique était excitée et puisque les questions de politique intérieure faisaient défaut. Que risquait-on, d'ailleurs ? On s'adressait à l'Europe, on la mettait en demeure, c'est à elle qu'on laisserait virtuellement la décision, et c'est sur elle que retomberait la responsabilité si elle ne se prêtait pas aux vues du gouvernement anglais....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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