Extrait du journal

Etienne, d’un geste menaçant de l’index, laisse supposer à sa fiancée qu’il va lui jouer quelque abominable tour de sa fa çon, comme en autorise la date dp jour où l’on se trouve, qui est celle du premier avril. La voilà restée seule, cherchant ce que son fiancé aura bien .pu 'imaginer pour lui faire peur et l’amener à crier : Au secours! se promettant de ne pas faiblir, et riant par avance de la figure qu’il fera, quand aura perdu sa discrétion. C’est alors que surviennenUes deux bri gands. Deux brigands vrais, authentiques, qu’elle prend pour de faux brigands, pour des brigands de poisson d’avril. Toute la pièce est dans le développement de la scène qui suit. Avouez que ce n’était pas là une scène à faire. L’erreur de la jeune fille ne- saurait durer longtemps. Les brigands sont en général gens pressés et qui ne perdent pas leur temps à marivauder avec une pe tite fille, dont le moindre cri peut les tra hir. Le père et le fiancé qui ont laissé la jeune personne toute seule doivent rôder aux environs et l’observer. La scène, à peine commencée, devrait I brusquement finir, et terminer du même coup la pièce. Ce n’est qu’à force d’artifices peu vraisemblables que l’auteur la pro longe, et à mesure qu’elle avance, elle tourne à l’odieùx. Nous nous étions mis en route pour rire d’un joli badinage, pour bous amuser d’un poisson d’avril, Voilà mes...