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Le Temps, 25 avril 1898

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Le Temps
25 avril 1898


Extrait du journal

bleu authentique et vient le relancer jusque chez Mathilde ; à elle aussi, il lit ses pièces, et, comme l’autre, elle l’assassine de ses critiques : tant et si bien que, pour échapper à ces deux crampons, Jacques se réfugie dans .le mariage, Il a remarqué dans le salon de Mme de Préci gné une jolie jeune fille, Mlle Marie Lâugeron ; il demande sa main. Ses deux protectrices vont faire la grimace : l’une n’a point de droits sur lui, la chose s’arrangera donc aisément avec elle. Mais Mathilde! perdre son enfant! Elle va jeter feu et flammes. Jacques, pour amortir le coup, lui laisse entendre que, s’il se marie, ce n’est point pour la quitter, mais pour répondre aux mauvais bruits du monde, qui feint de croire que l’amie, la maman, ne l’aide pas seulement de ses conseils etde son influence. Mathilde est retournée; elle aura deux enfants à diriger au lieu d’un. Jacques s’imaginait avoir rompu avec les liens qui l’attachaient. Il a main tenant dans son ménage trois femmes mûres qui s’en disputent le gouvernement: la maman, d’abord, qui veut la plus grosse part; Mme de Précigné, qui vient en seconde ligne; Mme Laugeron, la mère de la jeune épouse, qui a bien ses droits, elle aussi ! La quatrième, Marie, la vraie femme, * ne compte pas pour le moment. On pourrait dire d’elle ee que Sieyès disait du tiers état. Qu’est-il à présent? Rien. Que doit-il être? Tout. Que veut-il être? Quelque chose. Ici nous tombons en plein vaudeville ; en pleine folie de vaudeville. Il y aurait eu une étude curieuse à faire, celle de l’écrivain pis tonné dans le monde où l’on s’ennuie par une vieille femme, sa maîtresse. M. Janvier a pré féré heurter ces femmes les unes contre les au tres, et il a tiré de leurs prétentions poussées à la charge des situations d’un comique extrava gant et débridé. Tout ce second acte est fort amusant; mais ce sont des caricatures qui se démènent dans une farce carnavalesque. La pauvre Marie a beau süngénier à prendre le dessus; Elle n’arrive-pas à détruire, en l'atta quant de front, le .crédit de ses vieilles rivales. Elle s'avise d'une malice assez plaisante, qui a fait la fortune du troisième acte. Au lieu de combattre ces dames, elle les ac cueille, et c’est elle qui, reprenant à son compte. les avis qu’elles donnent, en rebat les oreilles de son mari. Jacquéscommenceàen avoir assez de ses amies et de leur ingérence. Sa pièce a eu du succès; il vient d’être nommé académicien; iln’a plus le même besoin de ces dames; la recon naissance n’est plus pour lui qu’un fardeau qui lui pèse chaque jour davantage. Il se résoui à : flanquer ses Egéries à la porte. Pour Mme de Précigné,rien de plus facile; ça ne traînera pas. Mais Mathilde, sa maman, sa chère ma man! Si l’on pouvait dévier sur une autre tête ses instincts et ses besoins de maternité? On le pourra. Je vous ai laissé entendre que le : mari de Mathilde était un imbécile, qui adorait : l'amant de sa femme. Il est venu un jour chez Jacques et lui a dit : a J’avais un enfant d'une maîtresse, qui vient de mourir. L’enfant reste seul. Je voudrais le recueillir chez moi et l’éle...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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