Extrait du journal

Que les ministres anglais aient étudié le problème , des sanctions dans l'éventualité où celui-ci viendrait à se poser à Genève, on n'en doute point, et il est dans l'ordre logique des choses que les ministres faisant partie du comité^ de défense impériale aient eu à délibérer à ce sujet. L'erreur serait de déduire de ce fait que le gouvernement britannique est résolu, des à présent, à agir dans ce sens au moment qu'il jugera le plus opportun. Il y a des raisons de penser que l'Angleterre ne prendra aucune initiative de nature à précipiter les choses au risque de provoquer un éclat. Précisément parce qu'elle entend servir la cause de la Société des nations et qu'elle ne veut pas que le différend italo-éthiopien dégénère, à proprement parler, en un conflit entre l'Italie et l'institution internationale de Genève, elle se gardera de commettre quelque imprudence de nature à compromettre les résultats que l'on peut attendre de la procédure genevoise. Tout indique que Londres considère que les moyens diplomatiques de préparer un règlement pacifique ne sont pas épuisés et qu'il subsiste, en dépit de l'échec des pourparlers de Paris, des chances en faveur d'un compromis raisonnable faisant droit aux revendications essentielles de l'Italie, sauvegardant le principe de l'indépendance de l'Ethiopie et tenant compte des intérêts définis dans le traité anglo-francoitalieh de 1806. On n'ignore pas que certaines formules ont été discrètement envisagées, même du côté· anglais, à preuve les suggestions faites par M. Eden lors de sa visite à Rome. D'autres idées ont été remuées depuis lors, d'où l'on peut conclure que la situation, pour grave qu'elle soit, n'est pas désespérée....