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Le Temps, 25 décembre 1872

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Le Temps
25 décembre 1872


Extrait du journal

se connaître.^ La femme de Jean venait de mettre au monde une petite fille, celle de Jacques un garçon. Tout le village et la vallée se partageaient entre ces deux hommes, donnant raison ou tort à Jac ques ou à Jean, selon ses intérêts. C’est dans cet état que je trouvai le pays, vers la fin du règne de Louis XVIII, lorsque je vins remplacer aux Chaumes l’ancien instituteur Labadie, hors de ser vice à cause de son grand âge, et que j’épousai sa fille unique Marie-Anne, à la quelle je dois tout le bonheur de ma vie depuis cinquante ans, et qui m’a donné de braves enfants. Le beau-père et moi nous continuâmes ; de vivre ensemble au logement de la mai son d’école ; il m’aidait encore quelquefois dans mon travail, et me prodiguait les meilleurs conseils. « Ne vous mêlez jamais des affaires du village, Florence, mé disait-il; n'entrez dans aucune querelle particulière ; tâchez d’être bien avec tout le monde. Remplis sez vos devoirs à l’école, à l’église, à la mairie, avec zèle, et respectez ceux qui peuvent vous donner des ordres. Cela ne vous empêchera pas d’avoir votre opinion sur tout, mais n’en dites rien. De cette manière vous pourrez vivre en paix et faire quelque bien autour de vous. » Ainsi parlait cet excellent homme. Il me raconta la haine terrible que se portaient les frères Rantzau, me recommandant pour eux, encore plus que pour tous les autres, d’être prudent ; recommandation d’autant plus sage, que les enfants de Jean et de Jacques devaient tôt ou tard venir à mon école, et que la moindre préférence marquée pour l’un ou pour l’autre, pou vait me faire le plus grand tort. Ces premières années, où le jeune hom me quitte son pays et va chercher fortune ailleurs, sont les plus pénibles de la vie ; heureux celui qui trouve un bon conseil ler, il évite souvent des fautes irrépara bles ! Moi je n’ai pas eu de regrets par la suite, ayant toujours écouté les conseils de la prudence, et ces premiers temps me reviennent avec plaisir. Quelle différence de la plaine, que je quittais, et de la montagne où je me trou vais alors ! Mon vieux maître de Dieuze, en Lorraine, homme instruit pour l’épo que, et qui m’aimait entre tous ses élèves,, m’avait donné le goût des choses naturel- j les, l’amour, des plantes et des insectes ; il ; m’avait appris le peu de musique qu'il savait, Combien Cês premières études me ;...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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