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Le Temps, 25 mars 1873

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Le Temps
25 mars 1873


Extrait du journal

On sait que le peuple genevois était appelé hier a se prononcer souverainement sur la loi constitutiônelle relative au culte catholique, récemment votée par le Grand Conseil du canton, et qui à été une des premières conséquences dé la lutte engagée en Suisse entre l'ultramontanisme et la société civile. Une seconde question moins importante et qui n'avait aucune connexion avec la précédente, était en même temps posée aux. électeurs, celle de la participation des Suisses des autres cantons aux élections communales. L'agence Havas, qui nous, communique journellement tant de dépêchés insignifiantes, n'a pas jugé à propos de se faire envoyer dès ce matin fê:s résultats de ce scrutin mais un télégramme provenant d'autres sources, annonce, d'après la Patrie, de Genève, qu'ainsi qu'on s'y attendait, le corps électoral a approuvé les lois soumises q. sa sanction; le vote a même été à peu près unanime 9^081 voix contre 151. De grands efforts avaient été faits par lès infaillibilistes pour éloigner les populations de l'urne; l'abstention n'avait gas été prêchée avec moins d'ardeur de ce côté que la nécessité du vote du côté des partisans du gouvernement et du pouvoir législatif. Ces exhortations paraissent n^avoir pas été sans effet, car il n'y a eu guère moins de 7,000 abstentionnistes, et il est à supposer que les iiltramontains s'efforceront de tirer tout le parti possible.de ce fait. Ils compteront à leur actif, avec ceux qui ont intentionnellement obéi à leur mot d'ordre d'opposition passive, toute la masse des citoyens que, môme dans les pays les plus habitués à l'exercice du droit de vote, rien ne peut faire sortir de leur indifférence, même dans les circonstances les plus importantes. Mais le nombre des suffrages acquis à la loi n'en forme pas moins la majorité du corps électoral tout entier, et les partisans de cette nouvelle mesure n'en sont pas moins autorisés à chanter victoire. Il reste seulement à savoir quelles seront les suites pratiques de ce succès, et si la mise en application de la réforme accomplie ne va pas soulever des conflits encore plus sérieux que ceux auxquels on a voulu pourvoir, et que pouvait seule pacifier la complète séparation de l'Eglise et de l'État. p...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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