Extrait du journal

IV Elle était grande, blonde, avec des yeux bleus trop ronds pour être vraiment beaux et qui n'exprimaient en ce moment qu’une curiosité poussée à ses dernières limites. Le visage avait la fraîcheur naïve de l’Allemande corrigée par l’artifice parisien sous forme de poudre de riz. Les manières étaient celles d'une coquette provinciale ; quant à l’accent, dont Maurice put juger bientôt, il tenait le milieu entre celui de Saint-Flour et celui de Naples, avec un gras seyement prétentieux qui faisait presque re gretter la Cannebière. . La jeune Smyrniote semblait fort peu embar rassée en présence d’un inconnu ; d’ailleurs, il est à remarquer que les habitantes d’un grand port ne sont jamais timides. Elle s’assit sur une chaise, après avoir répondu au salut de Maurice et, en moins de cinq minutes, l’eut questionné sur vingt sujets, sur lui-même, sur son voyage, sur les amis communs qui le pré sentaient, sur Paris, et sur l’impression qu’il avait ressentie en débarquant à Smyrne. Le docteur en était à se demander s’il avait en face de lui une Madame Léonidis très jeune ou la fille de la maison, lorsque l’inconnue dis sipa ses doutes par ces mots : — Monsieur, ma mère est au tandour avec ma Reproduction interdite....