Extrait du journal

Il nous semble que c'est surtout cette campagne conjuguée de la presse fasciste et de la presse nationale-socialiste qui aurait grand besoin d'être expliquée, alors que l'accord de Munich et la première expérience faite de la méthode des consultations à quatre a déterminé dans la situation européenne une détente dont ton ne peut que se féliciter. A Londres et à Paris on n'a jamais caché que le fait que la guerre ait pu être évitée à la dernière minute ne saurait modifier en rien la politique de réarmement de l'Angleterre et de la France. M. Neville Chamberlain y a insiste avec beaucoup de franchise dans son grand exposé à la Chambre des communes au lendemain de son retour de Munich, et chez nous les voix, les plus autorisées ont fait entendre clairement que le renforcement de la défense nationale reste au tout premier plan, ainsi qu'il se doit, des préoccupations du gouvernement de la République. Les Allemands et les Italiens ne peuvent raisonnablement s'en montrer surpris alors qu'ils ne cessent, les uns et les autres, de proclamer à la face du monde que les succès obtenus par eux dans le domaine de la politique extérieur# sont dus en premier lieu à la. puissance de leur appareil militaire. M. Mussolini s'est vanté, dans un de ses plus retentissants discours, que la paix italienne repose sur huit millions de baïonnettes, et on n'a pas oublié son vibrant éloge de la beauté des canons, des mitrailleuses et des fusils. De l'autre côté du Rhin on ne manque pas une occasion de représenter l'Allemagne nouvelle comme étant la première puissance militaire du monde, et de constater que c'est grâce à l'existence de cette force que d'importants accroissements de territoires ont pu être acquis sans qu'une nouvelle guerre ait été déclenchée. Pour tout observateur impartial, il ressort bien des derniers événements qu'en effet l'Allemagne hitlérienne n'a pu réaliser ses vastes desseins en Europe centrale que parce qu'elle s'était dotée audacieusement de là force nécessaire à sa politique, tandis qu'en face d'elle les puissances démocratiques, du moins l'une d'entre elles, n'étaient pas entièrement prêtes à lui opposer les forces nécéssaires à la défense de la paix....