Extrait du journal

LA SITUATION DIPLOMATIQUE Le gouvernement allemand agit comme un' spéculateur trop chargé : il cherche à alléger sa position par des artifices d’écritures. L’un de ses expédients consiste à faire passer au compte autonomies des territoires qui figu raient jusqu’à présent au compte conquêtes. C’est ce qu’il va probablement essayer en Al sace-Lorraine, et c’est ce qu’il continue d’es sayer en Pologne, où l’on annonce la formation prochaine d’un « ministère ». A vrai dire, les journaux galiciens qui publient la liste des fu turs ministres ne nous apprennent pas qu’il, y ait un ministre des affaires étrangères, quoique ce département ne manque pas d’importance chez une nation dont l’existence même devra être garantie par des traités. Mais il ne faut s’é tonner de rien, quand la Pologne constituée par les empereurs d’Allemagne et d’Autriche se trouve être, d’aprèé leur proclamation même, un pays sans frontières et un royaume sans roi. Il est intéressant, par contre, de savoir quel genre de libertés intérieures l’Allemagne aconférées >aux Polonais. C’est un précédent par ticulièrement instructif, au moment où elle parle de conférer des libertés aux AlsaciensLorrains. , La National Zeitung de Bâ-le, qui n’est certes pas un journal hostile à l’Allemagne, a publié le 5 août, à propos de la situation intérieure de la Pologne, un article dont voici un passage : « En réalité, les choses ont empiré de jour en jour. Dans la grande industrie, les machines sont démontées, parce que les Allemands' en ont emporté les pièces métalliques. Les Polo nais sont persuadés que ces mesures n’ont pas été prises pour cause de nécessités militaires, mais bien pour empêcher la concurrence future de l’industrie polonaise. Les réquisitions sont continuelles, et le paysan polonais n’a pas con fiance dans les payements en papier que font les autorités d’occupation. Les fonctionnaires allemands se sont, montrés, en Pologne russe comme en Alsace, dans la province de Posen ou en Slesvig, incapables de faire naître la bonne volonté. Ils commandent et ordonnent, mais ils ne savent pas gagner la sympathie des habitants, qu’ils traitent. comme une popula tion conquise. » Ce réquisitoire, qui explique par la brutalité allemande l’irritation générale des Polonais, a probablement paru fâcheux au gouvernement allemand; et un: autre journal suisse, la Nou velle Gazette de Zurich, a été chargé d’insérer, le • 19 août, un communiqué, « de Source allemande informée », sur la situation de la Pologne. Mais ce communiqué constitue lui-même, con tre le gré de ses auteurs, un réquisitoire bien plus grave que le précédent. On y constate, par exemple, que les volontaires des légions polo naises ont été internés lorsqu’ils refusaient de prêter le serment qui les âurait obligés à com battre jusqu’à la fin de la guerre dans le camp de l’Allemagne. On y apprend aussi que le mécontentement populaire est assez violent et assez répandu en Pologne pour qu’il ait pu se informer .« une ligue secrète aux nombreuses :...