Extrait du journal
BULLETINDU JOUR LA SUISSE ET SA DÉFENSE NATIONALE La consultation populaire qui a eu lieu hier en Suisse en vue de l’acceptation définitive de la loi organisant la prolongation du service militaire, loi votée par les Chambres fédérales le 28 septembre dernier, comporte un précieux enseignement du point de vue général de l’évo lution politique sur le continent. Ce referendum se produisant à l’heure où l’Europe vit dans le trouble et la confusion, où l’œuvre de la paix et de la sécurité se heurte à tant de dif ficultés du fait de raisons particulières que la saine et claire raison ne suffit pas à faire comprendre, a une portée morale dépassant de beaucoup l’intérêt purement national de la Con fédération helvétique. Voici donc une des plus anciennes et des plus sincères démocraties qui accepte librement une aggravation des charges militaires parce qu’elle a conscience du devoir que lui impose la défense du territoire. C’est un exemple que l’on fera'bien de méditer dans lès autres pays, où trop souvent la défense nationale est sacrifiée aux préoccupations im médiates des partis politiques, à la pression des,, éléments qui spéculent effrontément sur Fégôïsmê ..des, .masses auxquelles ils s’efforcent de faire illusioir par'la pire démagogie. -T ' ' ' La Confédération helvétique a décidé dépnis 1924 de procéder à une réorganisation de son armée en tenant compte des . enseignements de la guerre. Elle a consacré -, au cours de ces dernières années environ un demi-milliard de francs français à perfectionner son armement; et, cet effort accompli, il est apparu qu’il était indispensable d’augmenter la durée du service militaire actif, car il ne sert à rien d’avoir les armes les plus modernes si les troupes ne sont pas suffisamment instruites pour s’en servir dé manière à en obtenir tous les effets possi bles.- Or, le système de la' nation armée parti culier à la Suisse, qui s’adapte exactement à la nature du pays, à son organisation politi que et à la mentalité générale du peuple, ne comporte pas d’instruction prolongée ni d’en traînement continu comme l’exige ailleurs le système des forces militaires permanentes. La nation armée telle qu’elle existe dans la Con fédération helvétique est un fait essentielle ment suisse, et l'expérience ne pourrait en être tentée, sans s’exposer. aux plus graves dan gers, là où la position géographique, les condi tions politiques, morales et sociales, tout ce qui constitue l’esprit et l’armature d’une nation et d’un régime est totalement différent de ce qui existe en Suisse. Ce système militaire se résume en fait dans la courte période de ce qu’on appelle les « écoles des recrues », pé riode qui était jusqu?ici de 90 jours ppur la cavalerie, de 75 jours pour l’artillerie, de 65 jours pour l’infanterie et de 60 jours pour les services auxiliaires. On a estimé avec rai son que c’était insuffisant, étant donné le per fectionnement technique des armes modernes, et au mois dé septembre de l’année dernière les Chambres fédérales ont voté à une forte majorité une loi portant la durée du service actif à 90 jours pour l’infanterie, l’artillerie et l’aviation, et à 104 jours pour la cavalerie. C’est cette loi que la consultation populaire d’hier dfevait confirmer et rendre définitive ou rejeter. Le résultat du referendum est très net : 506,845 « oui » contre 431,902 « non », soit une majorité de 74,943 votes en faveur de la pro longation du service militaire, avec toutes les charges nouvelles que cette mesure peut com porter. Une grande Waille politique s’était en gagée en vue de cette consultation populaire, dëmahdée expressément par les extrémistes dans l’espoir de faire ainsi obstacle aux me sures décidées par les Chambres fédérales. On n’ignoré pas que le parti socialiste et le parti communiste se montrent depuis quelque temps déjà particulièrement actifs en Suisse; on con naît les résultats décevants de l’expérience socialiste: tentée à Genève; par ailleurs, les effets de la crise dont souffre le monde se font sentir durement en Suisse, et mettent naturel lement le gouvernement fédéral aux prises avec de graves difficultés financières et éco nomiques qui. ne peuvent être pratiquement surmontées que par des mesures énergiques. Les adversaires de la nouvelle loi militaire et les éléments extrémistes, tous ceux qui vivent de surenchère démagogique, se sont naturel lement efforcés, afin d’obtenir le rejet de la-loi, d’exploiter le malaise déterminé par une situation de fait qui commande la plus grande vigilance. Ils n’ont pu réussir. Il a suffi de faire comprendre au peuple qu’il ne s’agissait pas seulement pour lui de se pro noncer sur le problème technique de la durée des écoles de recrues, mais qu’il avait à dire clairement s’il était disposé ou non à faire les sacrifices nécessaires pour assurer sa défense. Sa réponse est catégorique : le peuple suisse test résolu à défendre sa liberté et son indé pendance; il est résolu à consentir les. sacri fices que réclame ce devoir envers lui-même. Les résultats du referendum sont tout à son honneur, et témoignent chez lui une maturité politique qu’on peut citer en exemple. En un temps où l’on assiste trop souvent au lamen table abandon- des principes les plus sûrs et des doctrines qui à l’épreuve des grandes expé riences de l’histoire se sont révélées être les plus saines, l’exemple que donne le peuple suisse est des plus réconfortants. Personne ne • peut raisonnablement le suspecter de céder à là passion militariste, de se laisser entraîner à des armement dépassant les besoins de sa_...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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